Par Jean Paul Brouchon
Après Milan-San Remo, le Tour des Flandres, qui aura lieu dimanche prochain, marque le retour du peloton international dans le nord de l’Europe. Suivront Paris-Roubaix, l’Amstel Gold Race et Liège-Bastogne-Liège.
Le Tour des Flandres est beaucoup plus qu’une course cycliste...
C’est la reconnaissance par le monde du cyclisme d’une région de Belgique. Tous les Flamands se déplacent en nombre pour affirmer leur régionalisme et voit passer "le Ronde", comme on dit ici. Le vainqueur de la course, s’il est flamand est fêté comme un héros dans les nombreux estaminets du parcours ou l’alacrité de la fumée du cigare se mêle à la senteur épicée de la bière – la Pils qui se sert par fûts entiers. La communion entre les coureurs et le public est si parfaite que les coureurs, surtout les Flamands, se transcendent au cours de l’épreuve. Leur désir de bien faire est tel que le peloton du "Ronde" est souvent comparé à une horde de bisons sauvages.
Le parcours est une véritable leçon de géographie avec son départ donné sur la Grand Place de Bruges, la "petite Venise du Nord", puis direction les rives de la Mer du Nord, à Ostende, où le vent froid souffle toujours défavorablement avant de serpenter, de sauter de monts en monts, jusqu’à l’arrivée à Meerbecke.
Les monts, pompeusement appelés "Berg" – Montagne – ne culminent pas à une grande hauteur mais ils ont tous la particularité d’être en pente et pavés. Contrairement à ceux de Paris-Roubaix, ces pavés ne sont pas plats mais bombés. On les nomme des "chapeaux de curé". Leur assemblage n’est pas toujours uniforme. Ils sont disjoints et réclament de la part des coureurs une force peu commune pour les franchir. Ces sentes pavées sont étroites et occasionnent un nombre impressionnant de chutes ou de défaillances.
Le plus connu de ces Monts est le Mur de Grammont - Muur Kapelmuur en flamand - qui se situe à 18 km de l’arrivée. Ce lieu est devenu un patrimoine national à telle enseigne que lorsque les travaux de réfection ont été terminés en 2004, le site a été inauguré en grande pompe en présence du Premier ministre, du président de l’Assemblée nationale et du ministre flamand des Affaires Intérieures.
La route commence à prendre de la hauteur dans le village de Geraadsbergen pendant environ un kilomètre sur une route mi-pavée mi-goudronnée, puis c’est un virage brutal à droite pour emprunter la Rue du Cloître, une portion longue de 475 mètres avec un pourcentage impressionnant de 20 %. Celui qui sort en tête de ce boyau devant la petite chapelle est bien souvent le futur vainqueur.
Né en 1913, interrompu pendant la Première Guerre mondiale, mais pas pendant la seconde, le Tour des Flandres a souvent été la chasse gardée des coureurs belges avec 65 victoires, suivis des coureurs italiens qui totalisent dix succès dont quatre depuis 1996.
La France n’a obtenu que trois victoires avec Louison Bobet en 1955, Jean Forestier en 1956 et Jacky Durand en 1992. Ce dernier commentera d’ailleurs la course sur Eurosport.
Eddy Merckx ne l’a emporté qu’une fois en 1969. Le recordman des victoires est le flamand Johann Museeuw avec trois succès. Dimanche Tom Boonen, le leader de la formation Quick Step, déjà deux fois victorieux, peut l’égaler.
En règle générale, tous les vainqueurs considèrent cette course comme une épreuve très exigeante. Et tous les vaincus parlent de calvaire...
JPB
pardon:Eddy Merckx la aussi empoté en 1975!
Rédigé par : didier | 23 mai 2009 à 03:48