Il avait annoncé 55,250 kilomètres dans l’heure mais il n’a réalisé « que » 54,526 km. Décevant, pour Bradley Wiggins le fanfaron !
Certes, le record du monde fait un bond de 1.589 mètres d’un seul coup, ce qui ne s’est jamais vu par le passé quand la progression était plus liée aux qualités du champion candidat qu’à l’apport de la technologie. J’aurais d’ailleurs plus d’admiration pour lui si le Britannique avait été le premier à franchir le « mur » des 50 km avec les mains en bas du guidon et en respectant les trois points d’appui, comme le stipule le règlement, offrant sa poitrine à la résistance de l’air. Personne ne l’a jamais fait à ce jour, et c’est cela le réel défi du véritable record du monde de l’heure. Celui qui motivait Fabian Cancellara avant que l’UCI, en mai 2014, ne ruine ses espoirs avec sa politique à géométrie variable !
Comme Voigt, Brändle, Dennis, Dowsett, ses prédécesseurs, Wiggins s’est offert un joli coup de pub en profitant d’une situation qui jette le trouble dans les esprits. Car ce nouveau record n’a rien à voir avec celui des anciens, Coppi, Anquetil, Rivière, Ritter, Merckx, et même Boardman et Sosenka, version après l’an 2000 ! C’est comme si l’IAAF acceptait qu’on s’attaquât au record du mile ou du 5.000 m avec des semelles à ressort. Quant à la FINA, elle a interdit que les nageurs utilisent des combinaisons plastifiées. Il y a des règles à respecter.
Avec le guidon « triathlète », qui offre un appui supplémentaire (les avant-bras) et un cx très amélioré, tout est faussé, n’en déplaise aux nouveaux dirigeants de l’UCI qui ont autorisé l’utilisation des vélos de piste ou de chrono actuels pour relancer l’intérêt. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils y sont parvenus car avec le nouveau règlement revu et corrigé, il y a déjà eu huit tentatives en huit mois (dont cinq records améliorés) alors que personne ne s’était manifesté depuis dix ans, soit depuis l’essai victorieux du Tchèque Sosenka en 2005 à Moscou avec 49,700 km. Trop suicidaire !
Malgré sept semaines de préparation intensive, plusieurs tests encourageants et un matériel super-performant mis au point par le constructeur italien Pinarello, l’enfant terrible des quartiers nord de Londres n’a pu passer les 55 km. La faute, dit-on, à une pression atmosphérique trop élevée. Mais Merckx, en 1972 à Mexico, en plein air, avait dû se coltiner une brise matinale qui l’avait autrement plus handicapé. A l’époque, le champion belge emmenait un braquet de 7m93 (52x14) contre 8m74 pour Wiggins (58x14), soit 82 centimètres de mieux par tour de pédalier ! Qui peut croire que c’est la seule puissance du Londonien, son état de forme, sa supériorité physique, son talent, ses qualités de pistard, sa VO2max exceptionnelle, dit-on, qui ont permis cette progression ?
Malgré le soutien (payant) de 6.000 de ses fans, Wiggins n’a pas été tout à fait à la hauteur de ses prédictions. Trop prétentieux. Steve Collins, l’entraîneur de Dowsett, l’accuse même d’avoir triché pour avoir impliqué la fédération britannique et utilisé un matériel non règlementaire car non commercialisé (guidon d’une pièce moulé sur ses propres bras et cadre prototype), ce qui est interdit. La polémique, de nouveau. Et l’UCI du président Cookson de plus en plus british connection, mais de moins en moins crédible ! Car qui a homologué le vélo de Sir Bradley ?
Bertrand Duboux
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