Décidément, on ne plaisante plus avec les contrôles inopinés. On se souvient que le Danois Rasmussen avait perdu le Tour de France 2007 pour avoir menti sur son lieu d’entraînement en juin. Récemment, il s’en est fallu de peu pour Jeannie Longo, finalement blanchie pour un point de règlement en sa faveur. Et voici désormais les affaires Grégory Baugé et Yoann Offredo qui replacent le cyclisme sous les feux de l’actualité alors que s’annonce la nouvelle saison.
La volonté de l’UCI et de l’AMA de traquer les fraudeurs ne laisse plus de place à l’improvisation. Désormais, tout est sous contrôle, surtout les sportifs de haut niveau soumis au système Adams qui les suit à la trace aux quatre coins du monde de façon à pouvoir en tous temps les soumettre à des prélèvements en période de préparation. C’est le nerf de la guerre, car on sait que tout se prépare surtout en amont de la compétition.
Un tel système, qui oblige les coureurs à être localisables quotidiennement de 6 à 21 heures, 365 jours par an, et à annoncer à l’UCI, par Internet ou SMS, tout changement jusqu’à 17 heures la veille du jour en question (!), est loin de faire l’unanimité et on le comprend. Car les contraintes sont évidentes et très pénalisantes. Mais il semble que ce soit le prix à payer pour assainir le sport et lui redonner de la crédibilité.
Champion du monde de sprint pour la troisième fois en mars 2011, Baugé a perdu ses titres individuel et par équipes (avec Sireau et D’Almeida) pour n’avoir pas pu être localisé et s’être rendu coupable de trois non-présentations aux contrôles. Mais son affaire remonte au 23 décembre 2010 et bizarrement l’UCI n’a officialisé la procédure que le 30 septembre 2011, soit dix mois plus tard ! Et surtout bien après les Mondiaux du printemps 2011 où ni Baugé, ni la fédération française n’étaient au courant de ce qui les attendait. Quant à Offredo, coupable du même manquement, il attend la sanction.
Dans ce genre d’affaire, il est facile d’accabler le sportif. Baugé et Offredo ont fait une faute en toute connaissance de cause, mais la FFC ne peut que constater la légèreté avec laquelle l’UCI a traité le cas du sprinter. A ce niveau-là, il semble bien que les contraintes ne soient que pour les coureurs. Un verdict qui laisse toutefois à Baugé la possibilité d’être sélectionné pour les JO de Londres. Ouf. Mais que dire de l’attitude de l’UCI qui met dix mois pour avertir les intéressés ? Laxisme, excès d’administration, défaillance de la communication ? Tout cela n’est pas sérieux de la part d’une grande fédération mondiale qui se veut à la pointe de la lutte antidopage et la FFC ne se prive pas de le faire savoir. A juste titre.
A force de multiplier les contraintes, l’UCI est de plus en plus la cible de critiques. Tout est très compliqué désormais dans la lutte antidopage. Et ce n’est pas l’affaire Contador qui nous pousse à penser le contraire. Là on parle de dopage et non pas de contrôles manqués. Dix-huit mois après les faits, l’affaire de l’Espagnol n’est toujours pas jugée par le TAS et le verdict définitif n’est toujours pas tombé. Sur ce plan-là, Baugé a eu plus de chance…
Bertrand Duboux
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