Troisième du classement général à 1" de Thor Hushovd, le coureur australien de BMC est un vainqueur potentiel de la Grande boucle 2011.
Quand j’entends que Cadel Evans a souvent été décevant sur le Tour de France, qu’il n’a jamais pris d’initiative, comme il a été dit sur France 2 à l’occasion du chrono par équipes, j’ai envie de cogner pour me soulager d’une colère qui me met hors de moi. Et pour arracher définitivement une étiquette qui ne correspond pas à la réalité. La même qui a longtemps fait du mal à Joop Zoetemelk, déjà très heureux de pouvoir à l’époque tenir la roue du grand Eddy Merckx.
Car l’Australien ne mérite pas cette réputation qu’on lui a faite, surtout en France. Il roule avec ses qualités, selon ses possibilités du moment et s’il n’a pas encore réussi à gagner le Tour, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Venu au vélo sur route par le biais du VTT, Cadel a mené sa carrière avec sagesse. Il construit sur du solide, sur du sérieux, sans brûler les étapes. Plus d’une fois il est allé au bout de sa résistance, mais si la réussite n’a jamais été au rendez-vous c’est qu’il est tombé sur plus forts que lui. A la différence qu’il n’a jamais été cité dans des affaires de dopage, au contraire de ceux qui lui ont été supérieurs (artificiellement ?) jusqu’à présent : Armstrong en 2005, Landis en 2006, Rasmussen, Vinokourov puis Contador en 2007 ! Ou qu’il aît à subir le handicap de blessures douloureuses et pénalisantes, comme en 2008 (touché à l’épaule) et 2010 (trait de fracture au coude). Sans oublier le peu de cas qu’on a fait de ses ambitions chez Davitamon en 2009 ...
Pour le connaître personnellement, je peux affirmer que Cadel est un un lutteur formidable, qui cache ses sentiments sous un voile de timidité, mais qui accepte de se faire violence comme peu d’autres. C’est surtout un sportif intègre, un athlète remarquable à plus d’un titre, amoureux des BD de Tintin et grand collectionneur des produits dérivés mais qui s’engage aussi pour des causes qui lui tiennent à cœur, comme la liberté au Tibet ou la lutte contre le cancer.
Je l’ai découvert en 1999, à la fin de sa première saison lorsque, sous le maillot de l’équipe Saeco, il a remporté l’épreuve A Travers Lausanne. Il a fait ensuite son chemin sur le plan international avec cette régularité qui le caractérise et la Suisse lui a toujours bien réussi. Deux fois lauréat du Tour de Romandie (2006, puis 2011), il y est devenu champion du monde, en 2009, à Mendrisio. Un titre qui a tout changé et qui a gommé ses inhibitions. Désormais mis en confiance et porté vers l’offensive lorsque ses moyens sont au rendez-vous de ses ambitions, il s’affirme sur le tard comme l’un des favoris de cette 98ème édition qui démarre dans des conditions qui lui sont très favorables. C’est la grande chance de sa carrière. Bien soutenu par l’équipe BMC, qui veut le porter à l’exploit lorsque le moment sera venu, il est en avance, après deux journées, sur Andy Schleck, Wiggins et Contador au-delà des espérances. Un avantage inespéré qui peut lui ouvrir de belles perspectives.
Jamais encore les circonstances ne lui avaient été aussi favorables. A 34 ans, c’est la dernière qui sonne pour Cadel Evans qui semble avoir bien préparé son affaire. Comme un grand professionnel qu’il est et qui n’aspire plus qu’à une chose : confondre définitivement tous ses détracteurs, il en reste encore. Car pour ce qui est de ses admirateurs, de plus en plus nombreux, ils savent depuis longtemps qu’il est un coureur attachant et un vainqueur potentiel. A condition que la scoumoune, qui l’a trop souvent accablé depuis treize saisons, le laisse enfin tranquille durant ces trois prochaines semaines.
Bertrand Duboux
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