Maintenant c’est sûr, l’équipe de France de cyclisme sur route ne comprendra que six éléments lors du prochain championnat du monde, le 27 septembre prochain, à Mendridio, en Suisse. La France du cyclisme ne figure qu’à la 12 ème place du classement mondial établi par l’UCI et en conséquence ne peut prétendre à une représentation plus étoffée lors de l’épreuve mondiale. Pour l'instant, Laurent Jalabert a préselectionné quatorze coureurs (Champion, Chavanel, Pineau, Fédrigo, Voeckler, Lefèvre, Moinard, Pauriol, Kern, Le Mével, Geslin, Casar, Brice Feillu, Riblon.)
Le cyclisme est maintenant vraiment devenu international ...
Comme aux Jeux Olympiques, la participation aux championnats du monde, pour éviter des candidatures farfelues ou inadaptées (coureurs au faible potentiel en particulier), correspond à un barème. L’Union Cycliste Internationale a ainsi établi il y a une décennie un classement des nations. Les dix premières peuvent aligner neuf coureurs, les suivantes six (c’est le cas de la France) et d’autres encore de un à trois coureurs, voire même un seul coureur. Les dix premières nations sont : l'Espagne, l'Italie, l'Australie, l'Allemagne, la Russie, le Luxembourg (grâce aux seuls frères Schleck et à Kirchen ), la Belgique, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la Norvège (grâce à Hushovd et Boassen-Hagen).
Cette peu honorable 12ème place est le reflet exact de notre pays cycliste à l’échelle mondiale. Il ne sert à rien, sauf à se remémorer des événements fastueux, de se demander depuis quelle année un coureur français n’a plus été champion du monde, depuis quand un coureur français n’a plus remporté de grande classique, depuis quand un coureur français n’a plus inscrit son nom au palmarès de l’un des trois grands tours nationaux. Il y a des archivistes pour cela et les amoureux du vélo, les vrais, ceux qui ont été vacciné au rayon de bicyclette savent tout cela par cœur.
Il convient alors de rechercher les causes de ce brutal face-à-face avec la réalité. Le fait est que dans notre pays le cyclisme a beaucoup perdu de sa considération d’antan. Beaucoup d’épreuves ont disparu du calendrier et ne reviendront jamais. Le cyclisme national n’a pas su faire face à l’apparition de sports nouveaux plus attractifs parce que moins difficiles et plus ludiques et n’a pas su, non plus, s’adapter à la télévision sans laquelle aucun sport ne peut vivre décemment. A ce sujet les plus jeunes vont se moquer de moi, mais qu’ils demandent aux plus anciens leurs souvenirs de télévision avec Robert Chapatte pour le direct et Léon Zitrone pour le résumé du soir. Et pourtant c’était en noir et blanc sans les artifices techniques d’aujourd’hui.
Même si les affaires de dopage ne sont pas perçues par le grand public comme une raison de désamour envers le cyclisme, il est incontestable que ce sport souffre des conséquences de ces tristes épisodes qui entachent fort sa crédibilité. Des grandes épreuves, seules le Tour de France et Paris-Roubaix mobilisent les masses. Les autres tentent de survivre. Le Midi Libre a disparu, Paris-Nice a été récupéré de justesse par ASO, Dunkerque n’a plus son aura d’antan, le Dauphiné vit des heures très difficiles. La presse, qui fut à l’origine de toutes les épreuves cyclistes, ne suit plus. La pagination cycliste s’est considérablement réduite. Les mensuels ont du mal à vivre. Les directeurs de rédaction préfèrent se gausser avec un très faible championnat de France de football dont personne à l’étranger ne veut des images. Et pourtant le dopage est inexistant dans ce sport puisque les contrôles ne sont qu’aimable plaisanterie pour faire plaisir aux gogos. Et que dire des apprentis-sorciers qui vous mettent le cyclisme en équation alors que dans le même temps un vrai chercheur, le physiologiste américain Andrew Coggan, met en pièce les théories de ces personnages dont le but n’est pas de servir le cyclisme mais de s’en servir. Actuellement on parle du Tour de l’Ain parce que Vinokourov est au départ non pas dans l’équipe Astana mais dans la formation nationale du Kazakhstan. Et la télévision d’Etat annonce même l’interview de l’exclu du Tour pour transfusions homologues (à mon avis le pire des systèmes de dopage connus). Qui va parler du très proche Tour du Limousin qui se dispute sur un parcours destiné à la course cycliste ? Les exemples sont nombreux dans ce cas. Même dans les équipes françaises, on ne jure que par le Tour de France. Il a fallu que Sylvain Chavanel court pour une équipe belge pour qu’enfin un français fasse la course devant au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix.
La France du cyclisme est donc tombée bien bas. Ce n’est pas une raison pour l’enfoncer. Il existe des hommes et des femmes qui se dévouent toute l’année pour que la flamme ne s’éteigne pas. Il faut les aider. La nouvelle patronne du cyclisme national, Isabelle Gautheron, vient de publier son livre de route. Etudions-le avant de commencer par critiquer. Il y a plein de belles choses dans ce livre de route. Et si, d’aventure, un coureur français devenait champion du monde le 27 septembre prochain (après tout pourquoi pas, le championnat ne consacrant que le meilleur d’une journée), le problème ne sera pas effacé pour autant. La France du cyclisme n’est pas au mieux actuellement. Elle revit mais la flamme n’est pas encore assez flamboyante.
Jean-Paul
Cher Jean-Paul Brouchon,
Eh oui, le constat sur le cyclisme professionnel français (CPF) est dur en ce moment.
Mais cette réalité démontre que le CPF n'a pas bien mesuré les conséquences de sa "mondialisation" et qu'il peine à s'adapter.
Je me pose un certain nombre de questions:
- les instances dirigeantes françaises (FFC) sont-elles au goût du jour ? Il se trouve que j'ai suivi de près la campagne électorale pour la nouvelle présidence ffc en février; que d'interrogations sur la claire conscience du besoin vital de réformes ! Cyrille Guimard, en étant candidat, a "poussé" au débat, sans grand succès. Que de conservatismes ! (mais en 2009: - 35% d'organisations ? et - 30% de licenciés ?) Il y a là quand même de quoi s'inquiéter !
- les coureurs français eux-mêmes ont-ils la "culture internationale", pour se battre réellement dans un CDM ? Laurent Jalabert, nouveau sélectionneur, s'est même fixé comme priorité de leur insufler ce "goût international", c'est dire !
- Sont-ils capables de "tenir" 250, 260 kms pour la victoire dans un CDM ? J'observe tous les ans que la quasi-totalité de l'équipe de france "explose" aux 200 kms !
- S'entrainent-ils en conséquence à ce niveau ? Il parait que non. Un DS déclarait récemment que ses coureurs lui disaient se contenter de sorties d'entrainement de ..4h ! c.a.d environ sur 150 kms.
Résultat: ils tiennent 150 kms, à 180 ils sont "pendus", à 200 ils "sont morts".
Laurent Fignon en faisait également le constat, et en tant qu'organisateur préconise d'ailleurs des courses toutes supérieures à 200 kms, pour voir la vraie valeur et le vrai travail des compétiteurs (très rares en france, les courses supérieures à 200 kms; toutes les "coupes de france" y sont inférieures !)
Restons optimistes. En 1971, à Mendrisio, sur 280 kms, Cyrille Guimard arrachait la 3ème place du CDM, derrière Eddy Merckx et Félice Gimondi. Ce même Guimard, à qui on a refusé il y a 2 mois le poste de sélectionneur national (en dépit de ses références et de ses diplômes), et à qui on ne donne aucun pouvoir à la ffc pour "gérer" le "haut niveau". Inquiétant, non ?
Rédigé par : BH78 | 14 août 2009 à 00:03