Par Jean-Paul Brouchon
Thor Hushovd, le Norvégien de Cervelo Test Team, acquiert à Barcelone sa huitième victoire d’étape dans le Tour de France. Il n’était pas spécialement le favori de cette étape mais ses desseins ont été grandement servi par l’apathie de la formation Saxo Bank qui, depuis hier, a mis un bémol à son action de même que la formation Columbia.
Hushovd, coureur rapide au sprint, et qui au fil des ans avale les bosses de mieux en mieux, a mis à profit l’arrivée située au sommet de la Côte de Montjuich (1700 m de montée avec un pourcentage de 3 %) pour s’imposer devant l’espagnol Freire et un autre espagnol, Rojas. Cancellara conserve son maillot jaune.
Une fois de plus la formation Astana s’est conduite en « patron » de la course ...
C’est elle qui a œuvré en tête du peloton durant toute la course, d’abord pour rejoindre les derniers rescapés de l’échappée initiale, les deux français Stéphane Augé et Sylvain Chavanel, et ensuite le dernier résistant, l’écossais David Millar, auteur d’un joli raid solitaire de 25 km, mais rejoint au pied de la colline de Montjuich au sommet de laquelle était jugée l’arrivée.
L’attitude des Astana s’explique par le fait que cette équipe ne veut laisser à personne le soin de diriger la course et parce que la pluie ayant transformé la route en patinoire, les coureurs de cette équipe n’ont voulu prendre aucun risque, alors qu’autour d’eux nombreux étaient les coureurs victimes de chutes.
Voici donc maintenant le Tour au pied des Pyrénées avec, demain, la première grande étape de haute montagne. Avec tout d’abord le Col de Serra-Seca, classé en première catégorie pour le challenge du meilleur grimpeur, dont le sommet culmine à 97 km de l’arrivée et enfin la rugueuse ascension vers la station de ski d’Andorre-Arcalis à 2240 m d’altitude. L’ascension n’est pas très longue (10,5 km), mais la pente est de 7 % . Escaladée pour la première fois en 1997, elle avait alors révélé au grand public un jeune coureur allemand, Ian Ullrich, dont on sait maintenant qu’il ne disputait pas l’épreuve à l’eau claire.
C’est vraisemblablement au cours de cette ascension que l’on pourra enfin émettre un jugement sur les capacités actuelles de Lance Armstrong. Ce dernier s’est montré très à son aise, sur des routes plates, au cours de la première partie du Tour, sauf dans la première étape. Maintenant il va lui falloir aborder le problème de la haute montagne. On a appris qu’il s’était beaucoup entraîné avant le Tour, à Aspen dans le Colorado, et qu’il n’avait pas hésité à emprunter des routes à plus de 3 000m d’altitude. Armstrong va enfin livrer sa vérité. De la même façon, on va savoir quelle sera son attitude vis-à-vis d’Alberto Contador. La presse espagnole estime pour l’heure que la personnalité de l’américain étouffe celle de l’espagnol. La montée vers Arcalis arrive à point nommé pour clarifier une situation équivoque.
On attend aussi la réaction des battus de la première semaine : Andy Schleck, Carlos Sastre, Cadel Evans et Denis Menchov.
On suivra également avec intérêt la prestation de Cancellara, maillot jaune depuis Monaco. Le suisse a fait merveille dans les ascensions lors du récent Tour de son pays. Il doit donc confirmer son net retour en forme. Peut-être même est-il capable de rester premier du classement général.
Tout ceci cependant n’est peut-être que de la théorie, car bien des difficultés attendent les coureurs avec les deux journées suivantes, également dans le massif pyrénéen, avant de retrouver pour la deuxième partie du Tour des routes de plaine.
Il n’en reste pas moins que cette étape est l’un des rendez-vous du Tour après le contre la montre par équipes et la démonstration des Astana.
Au départ de cette étape de tous les dangers, une seule certitude : Stéphane Augé, le palois, ne conservera pas le maillot du meilleur grimpeur acquis hier sur la route de Barcelone.
Jean-Paul
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