Par Jean-Paul Brouchon
Les jeux de mots sont faciles. Laissons-les à d’autres et voyons de plus près les deux grandes conclusions de ce Championnat de France disputé sur le difficile circuit proposé à Saint-Brieuc. Tout d’abord la personnalité du nouveau champion de France et la première épreuve disputée sans les oreillettes.
Dimitri Champion est encore un jeune coureur. Il est né à La Rochelle il y a 25 ans. Il débute au Vendée U, l’équipe formatrice de la formation professionnelle de Jean-rené Bernaudeau. Il y acquiert deux titres de champion de France contre la montre. L’un en Espoirs et l’autre en Amateurs. Après deux années de présence au Vendée U, il signe pour la formation Bouygues. Mais il a du mal à s’adapter au professionnalisme. Ses résultats sont maigres : une 4ème place au Championnat de France l’an dernier, un Tour d’Espagne calamiteux. Bernaudeau ne lui renouvelle pas son contrat. Il trouve alors refuge chez Bretagne-Schüller, une formation continentale basée à Rennes dont le manager est Philippe Dalibard, un ancien coureur professionnel.
Cette équipe se veut essentiellement bretonne. Les sponsors sont le Conseil Régional de Bretagne et Schüller, une importante firme de distribution automobile basée elle-aussi à Rennes. Au sein de cette structure, Dimitri Champion prend de la hauteur. Il devient un véritable coureur cycliste s’imposant dans le Tour du Finistère et dans le Circuit des Ardennes, deux courses par étapes d’importance dans le calendrier réservé aux équipes continentales ...
Dimitri Champion remporte ce Championnat en solitaire après une ultime offensive dans la dernière ascension du parcours à quatre kilomètres de l’arrivée. On découvre alors, revêtu de son maillot de champion de France, un coureur affable, sachant s’exprimer, décortiquant sa course avec volubilité et surtout lors d’un entretien en direct sur France télévisions avec le nouveau manager de l’équipe de France, Laurent Jalabert, un coureur prêt à préparer le Championnat du monde si Jalabert le sélectionne. Un coureur prêt à allonger ses distances d’entraînement et fortement motivé par une éventuelle sélection. Ces propos, Jalabert va maintenant les approfondir avec l’intéressé et avec son équipe.
Ce Championnat fut un grand championnat. La foule était présente ce qui n’est pas une surprise en Bretagne. Les oreillettes ayant été interdites d’utilisation, on a retrouvé le cyclisme que l’on aime tant, celui ou les coureurs font la course et non les directeurs sportifs au volant de leur voiture. Aucune échappée n’a pu prendre plus de 3'30 d’avance, chacun ayant conscience qu’il était opportun de rester à portée de pédales des offensifs. Les temps de réaction des coureurs lors des offensives ont été beaucoup plus brefs qu’à l’habitude (l’attaque décisive de Champion en particulier qui, en cas d’utilisation des oreillettes, aurait certainement été condamné . La course fut une course de mouvement car personne ne voulait se faire piéger.
Il est heureux qu’un coureur de la trempe de Champion se soit imposé. Mais les managers des équipes Pro-Tour ont enregistré une défaite. Ils vont devoir réfléchir et notamment dans le Tour de France au cours duquel deux étapes seront disputées sans les oreillettes.
Il n’en reste pas moins que ces Championnats masculins ont consacrés deux personnages atypiques du cyclisme parmi lesquels Jean-Christophe Peraud dans le contre la montre. Un personnage, ingénieur le matin chez Areva et qui s’entraîne l’après-midi dont le but cette saison est de devenir champion du monde de VTT (il fut vice-champion olympique à Pékin derrière Julien Absalon).
Il n’y aura donc pas de porteur du maillot tricolore au départ du Tour puisqu’aussi bien Peraud que Champion ne sera pas au départ de l’épreuve samedi prochain à Monaco.
Jean-Paul Brouchon
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