Par Jean-Paul Brouchon
La longue étape contre-la-montre du Tour d’Italie a livré un verdict imprévu. Le russe Denis Menchov (Rabobank) s’impose et devient le nouveau leader de l’épreuve.
Disputé sur un parcours très vallonné entre Sestri, Levante et Riomaggiore, le long de la Mer Ligurienne, serpentant entre les villages de pêcheurs, les oliveraies et les vignobles, ce contre- la-montre, d’une longueur inusité dans le Giro (60,6 km), a permis à Menchov d’affirmer une grande supériorité. En tête à tous les postes de chronométrage, Menchov devance sur la ligne Leipheimer de 20 secondes, Garzelli d’1.03 et l’inattendu Jani Brajkovic, le Slovène d'Astana d’1.14. Le précédent porteur du maillot rose, Di Luca termine avec un retard d’1.54. Il est maintenant devancé au classement général de 40 secondes par Menchov ...
Les écarts à l’arrivée sont très importants. Certaines vedettes ont perdu, semble-t-il définitivement, tout espoir de victoire finale. C’est le cas de Michaël Rogers distancé de 2.46, lui le champion d’Australie de la spécialité. C’est aussi le cas de Basso distancé de 2.17 et de Sastre distancé de 2.18. Quant à Lance Armstrong, il est à créditer d’un bon contre la montre avec une 13° place à 2.26 de Menchov.
Sur ce parcours accidenté aucun coureur n’a voulu prendre de risques en utilisant les vélos spécialement conçus pour les épreuves contre-la-montre. Ils ont tous utilisé les vélos traditionnels avec un appendice pour le guidon, sauf Di Luca qui a peut-être perdu en cette occasion quelques secondes précieuses.
Le parcours de cette étape était si particulier que, pour la première fois depuis bien longtemps dans un contre-la-montre de cette importance, on a vu des coureurs saisir au vol une musette de ravitaillement. Ce fut le cas en particulier de Lance Armstrong qui n’a pas voulu subir les effets néfastes de la fringale lors des 10 derniers kilomètres.
Leivi Leipheimer, handicapé comme toujours par ses piètres qualités de descendeur, a perdu beaucoup trop de temps dans les descentes techniques du Passo Del Bracco, puis dans celle du Passo Del Termino, les deux grandes difficultés de l’étape.
Au classement général, Menchov devance Di Luca de 34 secondes et Leipheimer de 40 secondes. Le quatrième, Pelizotti est maintenant à deux minutes. Lance Armstrong est à la 12° place à 6.34 de Menchov, mais son allant depuis quelques jours est un indice de son net retour en bonne condition physique.
La victoire finale dans ce Giro va maintenant se circonscrire entre les trois premiers du classement général que 40 secondes seulement séparent.
Menchov est un excellent grimpeur, mais ne dispose pas d’une équipe suffisamment forte pour maintenir sa position privilégiée en tête de l’épreuve.
Leipheimer a, lui, à sa disposition une excellente équipe malgré l’abandon d’Horner, et malgré ses lacunes en descente, peut très bien être le vainqueur final. Cependant dans les étapes de montagne à venir (Les Abruzzes, en particulier ), Di Luca ne va pas baisser les bras. Il connaît les routes par cœur et surtout est doté d’un grand tempérament d’attaquant. Les semaines à venir vont donner du piquant à une épreuve dont on se rend compte au fil des jours que son tracé, beaucoup plus révolutionnaire que celui des années précédentes, peut donner un magnifique suspense et surtout une course apte à rassembler tous les amateurs de beau sport cycliste.
Jean-Paul Brouchon
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