Par Jean-Paul Brouchon
Mark Cavendish (Team Columbia - High Road) est donc le vainqueur de la première grande classique de l’année, Milan-San Remo. Mark Cavendish disputait l’épreuve pour la première fois de sa carrière. Ce jeune coureur - il a 23 ans- apprend vite.
Pour remporter Milan-San Remo il faut d’abord...
être endurant pour absorber sans dommage les presque 300 km du parcours avec pour zone stratégique les côtes de fin de parcours et en particulier le balcon fleuri qui surplombe l’arrivée, « le Poggio » de San Remo. Il faut ensuite avoir les nerfs solides pour endurer les inévitables bousculades qui ne manquent pas de se produire tout au long du parcours en particulier lors des rétrécissements de la chaussée dès que la course atteint le bord de mer. Il faut enfin savoir attendre son heure et ne porter qu’une seule attaque à condition qu’elle soit couronnée de succès. Eddy Merckx n’a pas été remplacé dans Milan-San Remo, lui qui remporta cette épreuve à sept reprises en attaquant à chaque fois pratiquement au même endroit. Cavendish a utilisé une manière tout à fait différente qui autorise l’admiration pour un néophyte de la course.
Cavendish a su se faire oublier sans toutefois ne rien manquer des inévitables mouvements de la tête de course. Bien protégé par la totalité de ses équipiers, il a traversé sans problème la Plaine du Pô, escaladé dans les cinquante premiers du peloton le Turchino et s’est toujours trouvé ensuite le long du bord de mer aux abords de la tête de course. On a ensuite remarqué que dans les zones stratégiques, telles la Cipressa, le Capo Berta ou le Poggio, il remontait vers la tête et refaisait en partie le terrain perdu dans la descente qui suivait inévitablement la montée. Lorsqu’aux abords de l’arrivée, le sprint massif devenait inéluctable, c’est George Hincapie, son coéquipier qui a fait le ménage pour lui tracer la route, n’hésitant pas à se frayer une place de choix parmi les équipiers des autres routiers-sprinters. Et pour clore le tout lorsqu’aux 300 mètres, l’allemand Haussler s’est dégagé ; seul Cavendish a suivi le mouvement pour finalement l’emporter comme il sait si bien le faire sur la piste d’à peine l’épaisseur d’un boyau.
Erich Zabel, engagé par sa formation pour apprendre à Cavendish l’art de remporter des épreuves, n’en revenait pas d’avoir un élève aussi doué. Même réaction de la part de Mario Cippolini, enthousiasmé de voir un débutant si prometteur.
Mark Cavendish va maintenant délaisser la route pour la piste. La semaine prochaine, il est engagé aux Championnats du Monde sur piste. « J’ai besoin, dit-il, de faire de la piste pour parfaire mes qualités de sprinter sur la route ». Nul doute qu’à ce rythme-là, il sera aussi présent sur le Tour cette année que l’an dernier où il inscrivit quatre étapes à son palmarès. Quant à Lance Armstrong, comme prévu, il n’a joué aucun rôle. On l’a vu un peu avant la Cipressa se joindre à la tête de la course mais ce fut de courte durée. Il termine à près de dix minutes de Cavendish mais n’aura pas perdu son temps en Italie puisqu’il a obtenu un rendez-vous avec Berlusconi pour parler de sa fondation de lutte contre le cancer.
Jean-Paul Brouchon
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