Par Jean-Paul Brouchon
Lundi 23 mars. Sur une route défoncée, étroite alors que le peloton roule à vive allure en direction de Baltanas, terme de la première étape du Tour de Castille et Léon, une chute collective comme il en arrive trop souvent dans les courses cyclistes projette à terre une trentaine de coureurs. Chacun tente tant bien que mal d’extraire son vélo du magma de machines enchevêtrées les unes dans les autres et de repartir après avoir fait un rapide bilan physique et mécanique...
Un coureur reste à terre. Assis sur le côté droit de la route au milieu d’une rare végétation et d’une grande abondance de cailloux. Le coureur se tient l’épaule droite. C’est Lance Armstrong.
Une ambulance le prend à son bord...
et le dirige vers l’hôpital de Valladolid ou le diagnostic confirme les premières impressions : Fracture de la clavicule. Une fracture nette, sans complications qui devrait permettre une convalescence rapide.
Lance Armstrong a la réputation de tomber rarement. On se souvient en particulier comment dans le Tour de France 2003, dans la descente acrobatique du Col de la Rochette, aux abords de Digne, il avait su éviter l’espagnol Beloki tombé devant lui, en coupant à travers champs comme un coureur de cyclo-cross. On se souvient aussi d’un accrochage toujours dans le Tour de France 2003 avec un spectateur dans l’ascension de Luz-Ardiden ce qui ne l’avait pas empêché de remporter l’étape.
Depuis l’annonce de son retour à la compétition, Armstrong évoquait souvent avec inquiétude le fait de rouler à nouveau en peloton. Avant Milan-San Remo, il avait également insisté sur le stress que représentait cette épreuve en raison des chutes. Il n’est pas interdit d’ailleurs de penser qu’au cours de cette course il ait volontairement levé le pied lorsqu’aux abords des zones stratégiques il convenait de se frayer un chemin au sein du groupe des favoris. La course cycliste n’est pas un jardin d’enfants. Lance Armstrong le savait et en avait une appréhension.
Son indisponibilité est au minimum de trois semaines même si dans quelques jours il se remet sur un home-trainer. Du coup, sa participation au Tour d’Italie est compromise. Cette épreuve, dont le départ sera donné le 9 mai prochain devait, selon ses dires, lui permettre de se présenter dans une excellente condition physique au départ du Tour de France. Il avait même envisagé de ne pas terminer le Tour d’Italie pour assister à la naissance de son quatrième enfant prévue pour le début du mois de juin.
Dès lors, tout le programme de Lance Armstrong est à revoir de fond en comble. Sera-t-il présent au Tour d’Italie ? Au Tour de France ? Comment rattraper le temps perdu alors que les jours s’écoulent inexorablement et que tout retard est préjudiciable ? Autant de questions dont Armstrong et son entourage doivent trouver des solutions. Le problème posé est autrement plus ardu à résoudre que la décision de redevenir ce que l’on a été.
Et si tout s’arrêtait maintenant ?
Jean-Paul Brouchon
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