Par Jean-Paul Brouchon.
Lance Armstrong a trois objectifs cette année : acquérir toujours plus de fonds pour sa fondation en faveur de la lutte contre le cancer, préparer sa candidature de gouverneur du Texas et redevenir coureur cycliste, trois ans après sa dernière et septième victoire dans le Tour de France. Ce n’est pas forcément son objectif prioritaire…
C’est en étudiant toutes les possibilités de porter le plus loin possible le message de Livestrong (sa fondation) que son entourage et lui ont décidé que le meilleur moyen de réussir...
était de remonter sur un vélo. «Le vélo, dit-il, c’est ma passion. Je veux l’assouvir encore.» Armstrong s’est donc remis à l’entraînement, a participé à de longues épreuves de VTT et a retrouvé aisément un bon coup de pédale. Il a repris place aux côtés de Johan Bruyneel, son directeur sportif attitré de la formation Astana. Puis, avant sa participation au Tour d’Italie et peut-être au Tour de France, il a couru l’australien Tour Down Under puis le Tour de Californie.
En Australie, il a rencontré le Premier ministre de l’Etat des Nouvelles Galles du Sud, présidé un banquet en faveur de sa fondation et récolté la coquette somme de 50 millions de dollars australiens. Sa prestation modeste au cours de l’épreuve a d’emblée mobilisé nombre de journalistes et de télévisions du monde entier au point d’éclipser totalement les performances de ses adversaires.
Même chose au Tour de Californie où il a couru pour favoriser la victoire de son compatriote et équipier Leivi Leipheimer. Le public est venu en nombre pour le voir, l’encourager et le féliciter au point que Kevin Jonhson, le maire de Sacramento où était donné le départ, escomptait des retombées financières équivalentes à 8,5 millions de dollars contre 3,6 l’année précédente !
Armstrong est un personnage très populaire aux Etats-Unis où il est considéré comme un « homme honnête » qui se dévoue pour une noble cause. Son entourage lui concocte un programme sur mesure pour montrer à tous combien son action est juste, sincère, respectable, ce dont personne ne doute. Une équipe de cinéastes le suit pas à pas pour diffuser plus tard un film retraçant les différentes étapes de son retour. Il rencontre des personnalités comme : l’ex-président Bill Clinton, Arnold Schwarzenegger, legouverneur de Californie, et le président du Mexique. Des rendez-vous sont pris avec Barak Obama et le chanteur Bono.
Bien sûr, Lance Armstrong a un site internet, : Twitter.com/lancearmstrong, sur lequel en quelques mots il se raconte. Il n’y distille pas des informations de première importance mais décrit quelques épisodes de sa vie quotidienne. On y apprend qu’il lit le New York Times tous les jours, va chercher ses enfants à l’école, visite des enfants souffrant du cancer…
Mais, sur le plan cycliste, Armstrong n’a cette année encore rien montré.
Il est apparu un peu plus massif qu’au temps de sa splendeur. Dans l’étape contre la montre du Tour de Californie, son coup de pédale était heurté, ses trajectoires peu rectilignes. Son assise sur le vélo est plus haute qu’auparavant. On a noté un manque de puissance qui peut, cependant, se corriger.
Tout ceci serait louable si ses déclarations lors de l’annonce de son retour étaient suivies d’effet. Passons sur ses changements de programme. Lance Armstrong devait collaborer avec Don Catlin, une sommité mondiale de la lutte antidopage ayant en particulier détecté et mis au point avec succès la recherche de la THG puis celle de l’Aranesp. Cet accord est rompu. Armstrong préfère travailler avec le danois Damsgaard, médecin de la formation Astana qui vient de quitter l’équipe Saxo Bank de Bjarn Riijs sous prétexte qu’il y a double emploi entre le protocole mis au point par Don Catlin et le passeport biologique mis en place par l’UCI..
N’est-il pas temps de se demander si le cyclisme a besoin d’Armstrong pour retrouver ses légendaires qualités. A savoir : le respect de l’éthique, la vertu, l’honorabilité. Evoluant dans un cyclisme gangrené par le dopage – les seconds d’Armstrong dans le Tour de France ont tous été impliqués dans des affaires de dopage -, Lance Armstrong n’est-il pas un représentant du cyclisme du passé ?
Malgré sa passion pour le cyclisme, Lance Armstrong ne se sert-il pas du cyclisme au lieu de le servir ?
L’attention ne devrait-elle pas se porter sur des coureurs neufs malgré la présence insistante à ses basques des chaînes de TV qui font de l’audience avec l’américain au détriment de l’esprit du cyclisme, sport individuel certes mais ne pouvant s’exercer que dans la collectivité ?
JPB
Très bien dit !
Armstrong c'est du passé, c'était bien mais ça va là, place aux jeunes et à autre chose!
Il doit pouvoir faire vivre sa fondation sans faire semblant de se découvrir une nouvelle jeunesse !!
Rédigé par : jako | 03 avril 2009 à 15:39
Je croix que les jeunes cyclistes d'aujourd'hui, au moins en France et plus généralement en Europe, qui se placent devant Armstrong en les Tours dont il est inscrit, seront très contents qu'il est revenu, parce que malgré le coté individualiste de la sport, ceux qui ont professionnels ont besoin des médias, est des médias sont toujours plus contentes quand il y a des drames.
Rédigé par : William Diem | 13 avril 2009 à 10:10
Vous avez bien raison. D'ailleurs de jeunes coureurs français ont prifité de sa p^résence en Australie pour se faire photographier à ses côtés afin de garder un souvenir de leur carrière pro. Le temps va vite. Les plus jeunes d'entre nous ont oublié les années noires du cyclisme.
J.P.BROUCHON
Rédigé par : Jean-paul BROUCHON | 24 avril 2009 à 14:43