Qu’on le veuille ou non, Paris-Roubaix sera cette année orphelin de deux de ses grands et prestigieux vainqueurs : Tom Boonen (2005-08-09-12) et Fabian Cancellara (2006-10-13), tous deux forfaits pour blessures. En leur absence, Alexander Kristoff est le favori.
Boonen s’est brisé la clavicule à Paris-Nice et Cancellara souffre de deux vertèbres lombaires fracturées à cause d’un bidon jeté par un coureur lors du GP E3. Deux absences de marque (à eux deux, ils totalisent 7 succès à Roubaix et 6 au Tour des Flandres !) qui vont laisser la voie libre à bon nombre d’outsiders. En premier lieu, le puissant Alexander Kristoff, grand dominateur du Tour des Flandres, et qui collectionne les succès de façon impressionnante ces derniers temps. Le bougre en est déjà à dix victoires depuis le début de la saison, dont le GP de l’Escaut en guise de récupération active trois jours après sa démonstration dans le final vers Oudenarde avec le grand Hollandais Tepstra dans sa roue. Rien de mieux pour renforcer la confiance avant les pavés de l’Enfer du Nord !
Il est évident que Kristoff (27 ans) a pris de l’assurance et acquis une nouvelle dimension depuis la reprise 2015. Il s’en est fallu de peu qu’il ne gagne aussi Milan-San Remo, comme en 2014, s’il n’était tombé sur le grand Degenkolb. Incontestablement le Norvégien de Katusha est l’un des coureurs les plus en vue du moment et cela ne va sûrement pas s’arrêter de sitôt. De là à affirmer qu’il va aussi gagner Paris-Roubaix... Certes, il en a les moyens et les qualités car en état de grâce actuellement et l’on sait que cela donne souvent des ailes. Mais l’opposition ne manque pas d’atouts et la force collective des équipes est souvent déterminante sur un tel parcours.
Faits cocus par Stannard au Het Nieuwsblad (Tepstra 2ème), invisibles à Milan-San Remo malgré la présence de Cavendish, encore battus à Harelbeke (Stybar 2ème) et à Gand-Wevelgem (Tepstra 2ème), les Etixx-Quick Step ont la pression sur eux et on les voit bien à l’offensive et peser sur la course avec Tepstra (le vainqueur sortant), Stybar et Vandenbergh notamment, mais il faudra qu’ils ne se marchent pas dessus, comme ils le font souvent. A suivre aussi les Tinkoff, en grand déficit de succès, ce qui a poussé le boss mégalo à virer le manager Bjarne Riis. Sagan pourra-t-il sauver à lui seul la situation pour préserver le milliardaire russe Oleg Tinkoff de la crise de nerfs ?
Chez BMC, Van Avermaet fait beaucoup d’efforts pour peu de résultats hélas. Il est dans tous les coups, mais son compteur ne recèle qu’une victoire d’étape à Tirreno. Troisième du Tour des Flandres, il est parti avec un temps de retard et cet échec illustre cette incapacité à s’offrir enfin ce grand succès après lequel il court vainement. A ses côtés, on suivra avec attention les débuts du grand espoir suisse Stefan Küng (21 ans), le champion du monde de poursuite. Quant aux Sky, ils seront là en force avec Bradley Wiggins et Geraint Thomas, ce dernier vainqueur du Tour d’Algarve, du GP E3 et en vue sur les pavés de Gand-Wevelgem (3ème) et du Tour des Flandres.
Vainqueur du Tour de France 2012, Wiggins (35 ans) rêve d’inscrire son nom au palmarès, puis de s’attaquer au nouveau record de l’heure avant de tirer sa révérence. Mais du rêve à la réalité, il y a un un pas. Peu en vue à Paris-Nice, il s’est rassuré en gagnant le chrono de La Panne, mais sera-ce suffisant pour lui permettre de triompher à Roubaix ? A défaut, Thomas sera là pour assurer la présence des Anglo-Saxons, comme il le fait depuis le début de la saison sur les pavés de Belgique.
AG2R fait confiance au grand Van Summeren, le surprenant vainqueur de 2011 devant Cancellara, mais aussi à Damien Gaudin (5ème en 2013) ; Giant mise sur Degenkolb, Lotto sur Van Marcke et Tjallinghi, IAM sur Chavanel, Elmiger et Haussler, Lampre sur Pozzato et la FDJ espère que Démare pourra enfin jouer les premiers rôles. C’est un Paris-Roubaix plus ouvert que jamais qui s’annonce bien que Kristoff en est le grandissime favori.
Si la scoumoune le laisse tranquille, il est certain qu’il n’y en aura pas beaucoup pour empêcher le vainqueur du Tour des Flandres de signer un doublé prestigieux. Kristoff a pour lui la résistance et cette pointe de vitesse qui le rend irrésistible en vue de la ligne d’arrivée. Il sera là avec sa garde rapprochée qui l’a mené au succès dimanche dernier, dont le « vieux » Paolini qui fait de la résistance (il a gagné Gand-Wevelgem à 38 ans). Le Norvégien est bien loti pour voir venir et abattre ses cartes au bon moment. Rendez-vous au carrefour de l’Arbre.
Bertrand Duboux.
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