Comment se fait-il que l’équipe Sky, orpheline de Chris Froome, certes, soit pareillement défaillante sur ce Tour 2014 ?
L’effondrement de Richie Porte, son leader de rechange, est l’illustration de cette descente aux enfers inattendue qui suscite bien des interrogations chez ceux qui n’ont jamais cru à la probité de la formation britannique au temps de ses triomphes. D’autant plus que Geraint Thomas est distancé et que Nieve, le grimpeur espagnol, est totalement effacé !
Par comparaison, l’équipe Tinkoff, elle, s’est bien reprise après le retrait de Contador. Elle s’est parfaitement remise dans le coup et a même porté le jeune et prometteur Polonais Majka à la victoire à Risoul. Un gage sur l’avenir. Alors ? Il est à craindre que la troisième semaine avec ses difficultés à venir ne soit encore plus difficile pour les rescapés de la Sky en perdition. Comme quoi l’argent ne fait pas tout, même à coup de millions, et la roche tarpéienne est toujours aussi proche du Capitole !
En revanche, tout baigne pour Nibali. Son expérience des grands tours (il a gagné la Vuelta en 2010 et le Giro l’an passé), sa vista, son sang-froid et surtout des jambes exceptionnelles lui permettent de maîtriser la situation. Délivré de la présence de ses deux principaux rivaux, le champion d’Italie n’a jamais été aussi dominateur. Pas tout à fait comme Armstrong jadis et Froome en 2013, mais suffisamment pour s’ouvrir les portes de la grande consécration. Il sait aussi lâcher du lest, ce qui en fait un maillot jaune apprécié au cœur du peloton.
Après les pavés, les Vosges et les Alpes, Nibali a pris ses distances avec Valverde, Van Garderen et les deux espoirs français, Bardet et Pinot. Certes, il n’est pas à l’abri d’un jour sans ou d’un incident, ce qui contribue à maintenir le suspense sur une édition qui lui semble promise. Avec les Pyrénées qui arrivent, c’est aussi une nouvelle course qui s’annonce et la proximité de l’Espagne peut redonner des ailes à un Valverde pas encore résigné.
Qu’en sera-t-il des Français ? Jamais depuis Hinault en 1985, à l’exception des années Virenque totalement daubées (Virenque 2ème en 1997 derrière Ullrich), ils n’ont été aussi près de pouvoir hisser l’un des leurs sur le podium. Mais la troisième semaine ne sera-t-elle pas de trop pour Bardet et Pinot, voire Péraud, soumis depuis dix jours à une pression excessive et exagérée de la part des commentateurs télé, des médias et du public. Comme ce fut le cas il y a peu avec Pierre Rolland qui semble plafonner depuis lors.
Romain Bardet (23 ans et demi) et Thibaut Pinot (24) ont déjà fait leur possible; ils vont maintenant tenter de faire l’impossible et la bataille pour la seconde place et le maillot blanc de meilleur jeune s’annonce passionnate. Mais ne leur demandons pas de réaliser un miracle. Laissons-les faire leur course, tout simplement.
Bertrand Duboux
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