Tous cramés ! C’est le sentiment qui
prévaut à trois jours de la fin et à la veille de l’ultime étape de montagne
qui, malgré l’arrivée en altitude à Semnoz (1'655 m), au-dessus du lac
d’Annecy, offre un dernier baroud d’honneur à tous ceux qui espèrent encore
sauver leur Tour.
Mais le temps presse désormais, et ils sont nombreux au
portillon, parmi les mal classés et les attardés, à postuler à une victoire d’étape
libératrice. Encore faudra-t-il avoir les forces de se lancer dans une dernière
bataille après trois semaines d’une aventure éprouvante qui a amené la plupart
au point de rupture et qui en a rejeté beaucoup dans l’anonymat.
Car visiblement la fatigue accable tous les rescapés et cette troisième semaine aura été fatale à beaucoup qui étaient en sur-régime (Mollema, Ten Dam, Kwiatkowski notamment). Un constat qui n’est sans doute pas sans rapport avec les contrôles antidopage multipliés et renforcés cette année par l’AFLD et l’UCI . Comme un appel au calme et au désarmement lancé par les dirigeants du cyclisme et qui, semble-t-il, a remis à leur place, dans le ventre mou du peloton, bon nombre de coureurs qu’on présentait comme des outsiders de cette 100ème édition ou qui auraient dû y jouer les premiers rôles !
Où sont donc passés les Andy Schleck (vainqueur du Tour 2010), Evans (vainqueur du Tour 2011), Hesjedal (vainqueur du Giro 2012), les espoirs américains Van Garderen et Talansky, l’Espagnol Anton, le Hollandais Gesink, Philippe Gilbert, le champion du monde belge, qui traînent leur peine à l’arrière ? Que penser aussi des Voeckler, Rolland, Pinot, abandonnés cette fois par la réussite ? Des Gadret, Coppel, des baroudeurs de la FDJ et de Cofidis, bref des Français en général qui pédalent dans le vide en espérant un miracle avant Paris. Même Contador, donné comme l’un des grands favoris avec Froome, n’est pas à son niveau d’antan et des questions se posent.
Comment ne pas voir un nivellement par le milieu qui se répercute sur le spectacle. Des ascensions au train, des attaques qui sont des pets dans l’eau et font long feu. Qui sont plutôt des accélérations. A l’exception de Froome sur les pentes d’Ax-3 Domaines et du Ventoux, on est loin des envolées des Riis, Pantanti, Jalabert, Virenque, Armstrong et compagnie. Comme si le Tour 2013 était revenu à de meilleurs sentiments et à la normale. Comme si ses acteurs, devenus pour certains la cible des contrôleurs, avaient abandonné leurs vieux démons et pédalaient de nouveau parmi les humains. Un retour à un cyclisme plus logique, et qui s’en plaindra si cela peut ramener la crédibilité disparue depuis près de deux décennies ?
Même la première ascension de l’Alpe d’Huez n’a guère inspiré les candidats au podium. Une longue temporisation derrière les échappés du jour à qui l’ont a offert un généreux bon de sortie, ce qui a fait le jeu de Riblon, lequel a sauvé la France cycliste de l’affront par un sursaut magistral. Ouf ! Pour le reste, le coup de pompe de Contador confirme que son turbo est débranché et qu’il n’a plus les moyens de ses ambitions. Quant à Froome, il a eu sa petite alerte mais grâce à la présence de Porte, extraordinaire de dévouement, le maillot jaune a évité de justesse un début de fringale qui aurait pu lui coûter cher !
Rebelote vers Le Grand Bornand malgré le Glandon et la Madeleine au début, deux grosses difficultés classées en hors catégorie mais, comme la Croix-Fry sur la fin, totalement escamotées par les cadors du général qui se battent désormais pour les classements annexes et les accessits. C’est là que se situe l’intérêt de cette fin de Tour car, visiblement, plus personne n’a les cartouches et suffisamment de munitions pour renverser l’étonnant Froome qui roule vers la grande consécration de sa carrière.
Un triomphe attendu et annoncé, avec les questions qui restent toutefois attachées à son extraordinaire réussite. Même si cela agace David Brailsford, le patron des Sky, qui se fend de transparence dans L’Equipe du 18 juillet. Mais le dossier présenté n’est qu’un pseudo-dossier qui ne révèle rien et qui, hélas pour tous et surtout pour Froome, laisse planer le doute tant qu’on ne connaîtra pas de façon précise la puissance maximum (en watts) et la VO2max de Sir Christopher !
Qu’on qu’il en soit, la messe semble dite et il ne reste plus que les 125 kilomètres entre Annecy et les hauteurs de Semnoz pour croire au miracle. Mais on ne peut pas imaginer que Froome et les Sky, qui ont évité tous les dangers jusqu’à présent, puissent être mis en difficulté sur un terrain certes encore accidenté et piégeux, avec notamment le Mont Revard à mi-étape et une difficile ascension finale (10,8 km à 8,5 % de moyenne).
Bertrand Duboux
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Rédigé par : http://cs-tech.co/?document_srl=96322 | 14 novembre 2013 à 11:02