Armstrong n’est plus là, le Tour a perdu son extra-terrestre mais a peut-être retrouvé un nouveau champion venu d’ailleurs, d’une autre planète jusque là inconnue : Chris Froome, un Martien vêtu de jaune, haut sur pattes et pas très esthétique, pédalant les bras écartés mais ô combien efficace sur les pentes du Mont Ventoux.
Ce qu’il a montré en ce 14
juillet 2013 restera à jamais dans les mémoires de ceux qui ont vécu
l’événement. Un exploit hallucinant, pas tant par la réussite que par la forme qu’il
lui a donnée à l’issue de la plus longue étape (242,5 km) bouclée à 41,700
km/heure de moyenne !
Il n’y a
qu’Armtrong qui a été aussi impressionnant d’aisance et de facilité dans le
final d’une ascension du géant de Provence. C’était en 2000 lorsque le Texan survitaminé
et autotransfusé avait fondu comme un aigle en chasse sur le malheureux
Pantani. Armstrong avait donné
l’impression d’attendre l’Italien, à la peine, avant de lui abandonner
la victoire au pied de l’Observatoire.
Même scénario avec Froome, bien soutenu par ses équipiers retrouvés, notamment Kennaugh et Porte, et qui a placé son démarrage à 7 kilomètres du sommet, juste avant le Châlet Reynard. Un démarrage très appuyé mais assis sur la selle, en pleine pente, et qui a fait craquer Contador, jusque là encore optimiste. Les autres étaient déjà largués depuis un moment, Andy Schleck en perdition, Evans et Van Garderen à la ramasse, le reste aux oubliettes.
Il n’y avait que Quintana qui résistait bien, après avoir attaqué quelques minutes auparavant. Le jeune Colombien ouvrait la route, seul, mais il perdait du terrain et quand Froome lui est tombé dessus, il n’a pu que s’accrocher à la roue arrière du Britannique. En plein effort, Froome creusait les écarts à quelque 190 pulsations/minutes, tout en dialoguant par l’oreillette avec son directeur sportif, Nicolas Portal ! Si l’actuel leader n’est pas le nouveau phénomène du cyclisme, c’est qu’il y a une autre raison. Comme il y a aussi une explication à trouver pour justifier la résurrection de toute l’équipe Sky, littéralement liquéfiée et en perdition depuis une semaine après son coup de force sur les pentes d’Ax-3 Domaines.
Après celle des Pyrénées, Froome a réussi une nouvelle démonstration. On a même eu le sentiment que le maillot jaune temporisait, comme si on lui avait demandé de lever le pied afin de récupérer et de favoriser le retour du grimpeur sud-américain, en sorte de couper court à toutes les questions et les interrogations que son incroyable performance ne manqueraient pas de faire naître. Mais à 1,5 km du sommet, Quintana n’en pouvait plus et Froome s’est envolé vers un succès de prestige après un exploit sidéral et surréaliste !
Désormais, c’est un nouveau coup de massue qu’a donné Froome à tous ses adversaires. En y mettant la manière et en prenant ses responsabilités. Après Ax-3 Domaines, le Tour est sous le choc de cette supériorité exceptionnelle qui n’est pas sans rappeler celle d’un autre phénomène… Le Tour est-il joué pour autant ? Pas sûr, car les Alpes se dressent à l’horizon et si le maillot jaune semble invulnérable en montagne, il n’est pas dit qu’il puisse se débrouiller seul sur le plat, entre les cols, au cas où ses équipiers seraient de nouveau inscrits aux abonnés absents ces jours prochains.
Bertrand Duboux
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