Cinq victoires d’étapes, le maillot à pois rouges pour Voeckler et Rolland et Pinot, dans les dix premiers à Paris. Le cyclisme tricolore n'a pas eu à rougir dans cette édition.
Dans son désir de permettre la modernisation de son sport, l’UCI a singulièrement manqué de vision et de discernement. Prenez le record du monde de l’heure : elle s’est laissé déborder par l’évolution technologique au point de devoir faire marche arrière et d’annuler les performances « sidérales » réalisées à l’époque de l’EPO par les Rominger, Indurain, Boardman et compagnie avec des engins et dans des positions trop futuristes. Un autogoal magistral qui, depuis, a découragé quasiment tous les candidats qui se bousculaient jadis au portillon. Aujourd’hui elle manque d’autorité dans sa volonté d’interdire les oreillettes, comme l’a décidé son comité directeur. La pression des équipes, sous l’influence surtout des managers et directeurs sportifs, l’a poussée à faire marche arrière (provisoirement ?). Or les oreillettes rendent un très mauvais service au cyclisme : coureurs sous contrôle, échappées gérées à la seconde près. Triste spectacle, mornes randonnées et ennui mortel pour les suiveurs.
Beaucoup se souviendront de ce Tour 2012, comme ceux jadis d’Anquetil, puis d’Induran. Un contre-la-montre et c’est tout. Un Tour figé, sans suspense, millimétré. La porte ouverte aux attaquants opportunistes mais totalement en marge de la course au maillot jaune, ne l’oublions pas.
Une aubaine pour le cyclisme français qui a découvert une nouvelle génération prometteuse avec le jeune Thibaut Pinot, mais aussi le talentueux Tony Gallopin qui, malade, a hélas dû se retirer trop tôt. Pierre Rolland, vainqueur l’an dernier à l’Alpe d’Huez et cette année à La Toussuire, a aussi participé à la fête grâce à un tempérament offensif et des qualités qui en font un sujet d’avenir, mais pour l’heure encore trop limité contre la montre pour jouer les tout premiers rôles au niveau du classement général.
Quant aux « anciens », ils ont connu des fortunes diverses. Fedrigo, le revenant, s’est illustré à Pau et Voeckler a une nouvelle fois comblé à juste titre ceux qui louent son engagement et son sens de la course. Un phénomène, Voeckler. Il faut dire que « Ti’Blanc » y contribue largement en se lançant sans retenue dans des offensives qui sont autant d’épopées. Avec en bout de course une réussite qui embrase un public conquis par tant de générosité. Dommage que l’aventure ait été plus douloureuse pour Chavanel et Moncoutié.
On a personnellement beaucoup aimé la belle chevauchée solitaire de Thibaut Pinot vers Porrentruy. A 22 ans, il est l’une des révélations du Tour 2012 et sa personnalité débridée a séduit Bernard Hinault, ce qui est plutôt bon signe ! L’ancien champion n’aime pas le politiquement correct. Il préfère les insoumis, comme Pinot. A l’aise en montagne, au bénéfice d’une bonne récupération, celui-ci peut envisager l’avenir avec confiance et s’inscrit comme l’un des futurs chefs de file du cyclisme français qui, au contraire du hollandais totalement défaillant, a tout lieu d’être satisfait : cinq victoires d’étapes (contre sept aux Anglais), le maillot à pois rouges pour Voeckler et deux des siens, Rolland et Pinot, dans les dix premiers à Paris.
Mais en définitive la même question subsiste : le successeur de Bernard Hinault est-il vraiment né ?
Bertrand Duboux
Après avoir réalisé le record du monde de l'heure à vélo des plus de 100 ans, Robert Marchand a inscrit son nom dans celui des 100 km.
Avec un tel étalon, la France a enfin l'occasion d'avoir, dans 20 ans,le successeur de Bernard Hinault.
Alors, qu'attend l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale pour le faire copuler avec Jeannie Longo ?
Rédigé par : L'Encyclopédie absurde de la Bicyclette | 29 octobre 2012 à 00:03