Il n’est pas encore ko mais, en l’espace de quatre jours, Cadel Evans aura subi de la part de Bradley Wiggins et des Sky un deuxième knock down qui le laisse en mauvaise posture, à plus de trois minutes désormais du maillot jaune.
Le Tour n’est certes pas fini mais il est sans doute perdu pour le vainqueur sortant qui a lutté courageusement pour enrayer l’hémorragie. Il aura fallu une seule étape de haute montagne dans les Alpes pour mettre à nu les carences actuelles de l’Australien. Une mauvaise journée pour l’équipe BMC qui dans le même temps a sacrifié les chances de son jeune talent Van Garderen pour tenter de préserver celles de son leader vieillissant !
On savait, au départ, qu’Evans (35 ans) n’était pas au niveau de 2011. Le Tour de Romandie puis le Critérium du Dauphiné avaient dévoilé ses limites à cause d’une tendinite, puis d’une sinusite en avril. C’est donc un prétendant peu rassuré qui se présentait au prologue de Liège. Et l’on a bien vu à la Planche des Belles-Filles, d’abord, puis contre la montre à Besançon, qu’il n’avait pas retrouvé son efficacité de l’an dernier. L’étape de Porrentruy, avec le col de la Croix, puis celle de Bellegarde, avec le Grand Colombier escamoté par les favoris, avaient jeté un voile provisoire sur une évidence.
Un acte désespéré, vite transformé en chemin de croix, alors que Wiggins faisait de la patinette dans la roue de ses équipiers. Il est heureux pour Evans que la trêve entre les favoris ait longtemps jeté l’ennui sur une course qui ne vivait que par l’atttitude héroïque du talentueux Pierre Rolland à l’avant. Jusque dans l’ultime ascension, où les offensives de Brajkovic avec Vandenbroeck et Pinot, puis Nibali à plusieurs reprises, ont tout de même réveillé les passions et les… suiveurs. Il était temps que le Tour s’emballe et que les leaders abattent enfin leurs cartes.
Malgré quelques instants de fléchissement, vite enrayés, ce sont encore Wiggins et Froome qui ont conservé les meilleurs atouts par rapport à Nibali et Vandenbroeck. Ils occupent les deux premières places du classement général et l’on se demande toujours qui, sur le terrain, est réellement le plus fort du maillot jaune ou de son dévoué dauphin ? Et que se serait-il passé si Froome n’avait pas reçu, par l’oreillette, l’ordre de couper son effort après avoir attaqué à trois kilomètres de l’arrivée ?
Quand à Evans, sonné et dans les cordes, il va falloir qu’il s’accroche aux branches dans les Pyrénées désormais pour espérer être sur le podium à Paris.
Bertrand Duboux
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