La plupart des leaders boudent "l'Enfer du Nord". Quant à Hushovd, il est aux abonnés absents depuis le début de l’année. Reste Tom Boonen très en forme actuellement.
Avec ou sans Cancellara, Paris-Roubaix reste LA course à nulle autre pareille. Sa longue histoire, son côté spectaculaire, les exploits et les drames qu’elle a toujours engendrés en font bien une épreuve unique en son genre qui mérite son appellation : « l’Enfer du Nord » ! Les champions qui acceptent de s’y aligner au départ réhaussent encore son niveau de suspense et de dramaturgie mais, à contrario, l’absence des grandes stars du cyclisme n’affecte qu’à peine son prestige.
On regrettera pourtant une nouvelle fois le renoncement des spécialistes des grands Tours qui ne veulent pas subir cet interminable partie de tape-cul avec les risques qui en découlent : Cadel Evans, les frères Schleck, Wiggins, Menchov, Nibali, les deux Sanchez, Basso, Kreuziger, Rodriguez, Froome et Contador (pour une raison indépendante de sa volonté !), etc. Quant aux autres, ils ne se sentent pas la force de passer à la concasseuse pour un hypothétique résultat. C’est la grande différence d’avec le cyclisme des années 50-60-70. Hinault, le dernier je crois bien, en 1981 avec le maillot de champion du monde sur le dos, avait osé relever le défi. Chapeau à lui !
Cancellara out suite à sa chute au Tour des Flandres (il souffre d’une triple fracture de la clavicule droite), Mark Cavendish, le champion du monde en titre, forfait de même que le très prometteur Peter Sagan, d’autres volontairement à l’écart de l’événement, le centenaire de Paris-Roubaix se fera tout de même avec d’autres protagonistes, promis comme leurs devanciers aux honneurs et à la légende.
En première ligne cette année, Tom Boonen, déjà trois fois titré et vainqueur dimanche dernier de Pozzato et Ballan au Tour des Flandres. Mais il ne suffit pas d’être désigné favori no. 1 pour se présenter automatiquement en conquérant au vélodrome de Roubaix. Trop d’impondérables peuvent gâcher la fête : chutes, blessures, crevaisons, ennuis mécaniques font partie du menu du jour et il est rare qu’un participant passe à travers sans y goûter ce jour-là !
Boonen a toutefois pour lui sa forme du moment, son moral retrouvé et aussi une grosse équipe Omega Pharma-Quick Step avec Tepstra, Chavanel et Steegmans notamment. De quoi lui permettre de peser lourdement sur la course et de lui apporter un grand soutien. Cancellara absent, l’équipe Radio Shack (malgré Rast, Bennati et Tony Gallopin) est affaiblie et le Belge est incontestablement l’homme à battre et rien ne se fera sans lui et ses équipiers. Si ce n’est lui, ce pourrait donc bien être tout de même l’un des siens, comme l’an dernier avec le surprenant Van Summeren !
Pour la beauté du spectacle et le suspense, on eût souhaité que Thor Hushovd fût cette fois encore dans le coup, comme il le fut à plusieurs reprises ces dernières saisons. Paris-Roubaix a en lui un vainqueur potentiel. Puissant, le Norvégien est fait pour bien passer les pavés. Il est aussi un redoutable finisseur et il eût mérité d’avoir son nom au palmarès. Mais depuis le début de l’année, il est aux abonnés absents et il n’est pas certain que l’équipe BMC ait en lui le lauréat 2012. A moins qu’il ait superbement caché son jeu, ce qui serait la surprise du jour.
Bertrand Duboux
* La course sera diffusée en direct sur France 3, de 12h55 à 16h55, et sur Eurosport, de 13h à 17h.
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