Sale temps pour Alexandre Vinokourov qui, après sa suspension de deux ans pour dopage aux transfusions de sang sur le Tour 2007, se trouve mêlé à une nouvelle affaire de corruption cette fois pour avoir « acheté » au Russe Kolobnev sa victoire à l’arrivée de Liège-Bastogne-Liège 2010 !
C’est L’Illustré, un magazine suisse publié à Lausanne, qui est à l’origine de cette accusation par la plume de son journaliste Arnaud Bédat. Celui-ci a réussi à se procurer – photocopie à l’appui - les échanges de courriers électroniques entre « Vino » et Kolobnev avec coordonnées bancaires qui confirmeraient la transaction entre les deux compères pour un montant de 100.000 euros ! Il est vrai que les deux comparses se sont beaucoup parlés dans les derniers hectomètres de la Doyenne. Les images de la télé sont là pour le prouver et Kolobnev n’a pas mis beaucoup d’ardeur à défendre ses chances au sprint. Pour une telle somme, on comprend mieux qu’il eût pu être à bout de forces et facilement arguer d’un mal de jambes compréhensible !
Il reste bien évidemment à prouver officiellement la magouille et l’on souhaite à Arnaud Bédat d’avoir été bien informé et d’avoir obtenu les bons documents. Car Vinokourov a d’ores et déjà déposé plainte contre le magazine suisse en déclarant : « Je ne peux accepter qu’on colporte des ragots sur mon compte. Derrière cette affaire, il y a certainement des gens qui veulent ma peau. C’est tout de même étrange que cela sorte seulement quelques jours après l’annonce de ma candidature aux prochaines élections dans mon pays. C’est une atteinte à ma vie privée. Comment peut-on expliquer que des mails arrivent comme par hasard sur le bureau d’un journaliste sans qu’on connaisse leur origine ? Mes avocats vont également poursuivre toute personne qui portera atteinte à mon intégrité. »
Voilà donc une nouvelle affaire sur le devant de la scène, et non des moindres, car elle concerne l’un des acteurs les plus sulfureux et controversés du sport actuel. Une affaire non pas de dopage mais qui éclabousse une fois de plus, une fois de trop, le cyclisme. Ce n’est certes pas d’aujourd’hui que, dans ce milieu-là, le vice côtoye étroitement la vertu sans que beaucoup ne s’en offusquent. Du moins jusqu’à il y a peu. Les cataclysmes liés aux affaires Festina, Puerto et autres ne doivent pas faire oublier que les mafias ont toujours existé aux quatre coins de l’Europe cycliste, aussi bien chez les amateurs que chez les professionnels, faussant les courses et les résultats. Des pratiques courantes qui porrissent la compétition mais très difficiles à établir, ce qui ne permet pas à l’UCI ou aux fédérations responsables de sévir. A moins d’avoir des preuves irréfutables, comme l’affirme L’Illustré dans son édition du 7 décembre.
Une bombe qui ne demande qu’à éclater à la face de ceux qui veulent qu’on passe l’éponge lorsqu’un coureur a purgé sa suspension et payé sa faute.. Mais quand on est habité par le mal et que le péché est en vous, il ne suffit pas de fermer la porte pour empêcher les brebis galeuses de revenir dans le peloton. Il se trouvera toujours une fenêtre ouverte ou une entrée dérobée, ou alors un manager ou un directeur sportif opportuniste, pour vous permettre de réintégrer la famillle sans que personne n’y trouve à redire. Sauf ceux qui croient naïvement que le sport cycliste est capable, malgré tout ce que l’on nous dit, de retrouver sa crédibilité tellement mise à mal ces dernières années. Un long combat qui n’est certainement pas prêt d’être gagné à moins de changer radicalement les mentalités. Mais sur ce plan-là, bon courage !
Bertrand Duboux
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