Il y a un siècle, les coureurs grimpaient pour la première fois ce col mythique perché à 2645 m. Pour commémorer cet anniversaire, le peloton le franchira à deux reprises !
Si l’on en croit les prévisions météo, à l’heure où le peloton franchira l’arrivée de la 18ème étape (en fin d’après-midi, entre cinq et six heures) au Col du Galibier, le jeudi 21 juillet, il fera entre 2 et 4° à son sommet avec d’éventuelles chutes de pluie et de neige mêlée ! Après quasiment six heures de course dans les jambes et quatre cols (Agnel, à 2744 m, l’Izoard, à 2360 m, tous les deux classés hors-catégorie ; le Lautaret, à 2059 m et le Galibier, à 2645 m), voilà qui jette un sérieux froid sur l’étape Pinerolo (Italie) – Galibier Serre-Chevalier - 200,5 km -, décisive pour le classement final.
C’est le cadeau d’anniversaire des organisateurs du Tour à ce col mythique des Alpes qui fut franchi pour la première fois, le 10 juillet 1911, par les « forçats de la route » au cours de l’étape Chamonix-Grenoble. Pour célébrer ce centenaire, ce sera l’arrivée la plus haute de l’histoire de la Grande boucle après une montée de 23 kilomètres à 5,1%.
Son premier vainqueur, Emile Georget, connaissait ses classiques : « Cela vous en bouche un coin, mais vous êtes des bandits », lança-t-il, allusion au fameux « Vous êtes des assassins » d’Etienne Garrigou qui, lui, avait inauguré l’ascension des Pyrénées par le Tourmalet l’année d’avant. Les coupables avaient pour noms Alphonse Steines, journaliste à l’Auto et son patron, Henri Desgrange, le créateur du Tour, dont une stèle érigée en 1949 – « le Souvenir Henri Desgrange » - honore la mémoire. Impressionné par l’exploit, le directeur de l’Auto écrira tout de même un éditorial dithyrambique sous le titre « Acte d’adoration » : « Ô col Bayard, ô Tourmalet, je ne faillirai pas à mon devoir en proclamant qu’à côté du Galibier, vous êtes de la pale et vulgaire bibine ».
Moins littéraire, Bernard Hinault, qui, en 1986, le franchit en tête au coude à coude avec Greg Lemon - et avec qui il remporta l’étape main dans la main à l’Alpe-d’Huez -, avoue aujourd’hui : « Lorsqu’on approche du monument dédié à Henri Desgrange et qu’on aperçoit le sommet situé à 2 km, on se dit : « punaise, ça a l’air bien raide ! » Depuis 1911, les duels et y ont été légion – « En 1974, dans le Galibier, j’ai eu un coup de pompe qui m’a fait perdre le Tour, affirme Raymond Poulidor, deuxième de l’épreuve derrière Eddy Merckx - et les figures de proue abondantes : Fausto Coppi, Federico Bahamontes, Charly Gaul, Gino Bartali, Louison Bobet, Eddy Merckx, Luis Ocana, Bernard Hinault, Marco Pantani… Sans oublier le « gars libier », héros d’une chronique d’Antoine Blondin dans l’Equipe !
Le lendemain, vendredi 22 juillet, au cours de l’étape Modane Valfréjus – Alpe-d’Huez - 109,5 km – le peloton gravira une seconde fois un Galibier plus pentu (6,8%) dans le sens contraire ! Avec celui du Télégraphe, à 1566 m, en guise de mise en bouche. Le Tour pourrait se jouer en haut de l’Alpe-d’Huez au détour des vingt et un lacets qui serpentent dans son ascension. Presque un rituel : " Sur vingt-cinq éditions, le vainqueur du Tour était à dix-huit reprises en jaune le soir de l'étape de l'Alpe-d'Huez ", écrit Jean-Paul Vespini dans son ouvrage : " Le Tour se joue à l'Alpe-d'Huez " (Editions Jacob-Duvernet). Avec le Galibier pour arbitre.
Philippe de La Grange
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