Quoique impressionnante, la chute, dont Flecha et Hoogerland ont été victimes dans l'étape Issoire - Saint-Flour, est un accident exceptionnel.
Même si les images d'un coureur, pris dans un barbelé et ensanglanté (une trentaine de points de suture !), ont marqué les esprits, même si, semble-t-il, son chauffeur a outrepassé ses droits, ne tirons pas trop sur l'ambulance, en l'occurence sur le véhicule d'Euro Média qui a expédié Flecha et Hoogerland au tapis dans la 9ème étape, Issoire - Saint-Flour.
Le Tour est un gigantesque barnum où se mêlent des milliers de véhicules dans un ballet chorégraphié - et sécurisé - au détail près. Bien sûr, la plupart (notamment ceux des partenaires) ne circulent pas à l'échelon course. Des bandeaux de couleur (orange pour les voitures qui empruntent l'itinéraire " Hors course ", bleu rose qui autorise le dépassement de la caravane publicitaire, jaune et vert pour celles qui sont en course) sont attribués et peuvent être retirés si les pilotes ne respectent pas les règles édictées par la direction de la course ...
Pendant le déroulement de l'épreuve, priorité est donnée, dans l'ordre, aux voitures de direction de course, aux commissaires de l'Union Cycliste Internationale, au service médical, aux directeurs sportifs, à la presse et aux invités des sponsors. Le réglement, en cas d'échappée, prévoit que " les véhicules avant ne peuvent s'intercaler derrière les coureurs échappés que lorsque l'écart est supérieur à deux minutes et après autorisation de la direction de l'épreuve et/ou des commissaires de course."
Depuis quelques années, sous l'oeil de la Garde républicaine qui encadre la course, des radars contrôlent les vitesses des véhicules sur le parcours, pourtant " privatisé " le temps de l'épreuve. Comme n'importe quel automobiliste, les pilotes peuvent être aussi verbalisés en cas d'alcoolémie et " de consommation de cannabis ". Pour endiguer le flot des voitures et des motos dans la course (une bonne centaine, dont toutes doivent être équipées d'un récepteur permettant de capter Radio-Tour, la radio interne qui retransmet les consignes de l'organisation), ASO a aussi durci ses réglements : ainsi, les voitures de presse doivent désormais transporter " au minimum deux journalistes titulaires d'une carte de presse professionnelle ". Des journalistes qui, pour la plupart, ne participent plus à la course, préférant travailler dans la salle de presse de l'arrivée où un certain nombre de moyens (notamment des écrans de télévision qui retransmettent l'épreuve en direct ) sont mis à leur disposition pour vivre l'étape.
" C'est un scandale, deux accidents liés aux médias en quelques jours, c'est deux accidents de trop ", a tempêté Christian Prudhomme, le directeur du Tour, qui a aussitôt exclu la voiture d'Euro Média (comme il l'avait fait pour la moto d'une agence de presse qui, la semaine précédente, avait fait chuter Nicki Sorensen). Certes, pour l'exemple, il fallait faire preuve de sévérité. Mais les chutes - il y en a eu beaucoup d'autres au cours de ce Tour - font partie des risques du métier, acrobatique, de coureur cycliste. Thomas Voeckler, qui a endossé le maillot jaune au cours de cette étape l'a admis mezzo voce : " Les chutes en descente font partie du vélo. Mais l'épisode du véhicule n'aurait jamais dû avoir lieu." C'est vrai, mais l'embardée involontaire de Flecha et Hoogerland, est un " épisode " rare dans l'histoire moderne de la Grande boucle en comparaison du trafic qui accompagne le peloton. C'est peut-être le prix à payer aux 188 pays qui diffusent la course sur le petit écran. L'ancien médecin chef de l'épreuve Gérard Porte, le confirme dans " Médecin du Tour " (Albin Michel) qu'il vient de publier : " Ce qui change, c'est la présence des caméras partout. Grâce à elles, on ne manque rien de la course. Les téléspectateurs sont avec les échappés, en tête du peloton, à l'arrière de celui-ci ou encore dans l'hélicoptère. Aujourd'hui, aucune chute, aucune intervention médicale n'échappent aux téléspectateurs. Sans parler des ralentis et des retours en arrière qui permettent de revoir les chutes ! Les images sont décortiquées après la course et donnent parfois l'impression d'un sport à haut risque. En cyclisme, les chutes sont fréquentes mais rarement dramatiques. Les statistiques du tour de France relèvent en moyenne trois à cinq fractures par édition."
Philippe de La Grange
Pas du tout d'accord avec vous !
Ce genre d'accident ne peut pas être rangé dans les "risques du métier". C'est aucunement lié à l'activité même du sportif: ratage de virage, accrochage avec un adversaire, glissade, etc...
Ces 2 accidents sont INADMISSIBLES, car leurs auteurs ont enfreint le réglement intérieur de l'épreuve. C'est d'une inconscience et d'un irrespect inouïs envers les athlètes !!! Après ça, qu'allez-vous opposer aux automobilistes "grincheux" qui "contestent" tous les dimanches les déviations mises en place par les organisateurs des petites courses ? Organisateurs que l'on devrait bénir pour leur amour du sport, et sacrément aider au niveau des réglementations INCROYABLES qui touchent le vélo !
Non vraiment, les hommes de médias sur une compétition sportive n'ont pas TOUS les droits !
Rédigé par : BH78 | 25 juillet 2011 à 12:25