Journaliste dans la presse écrite, puis à la Télévision suisse romande, Bertrand Duboux a couvert trente Tours de France en compagnie de Jean-Paul Brouchon.
Même si Jean-Paul avait pris sa retraite il y a quelques années déjà, le cyclisme sans lui ne sera plus vraiment comme avant ! Certes, on l’a aussi dit pour d’autres avant lui, mais La Brouche c’était un personnage à part, un patriarche, atypique, pittoresque, mais aussi un confrère apprécié par tous. Un grand professionnel du micro mais aussi, à sa façon, un géant de la route que la nouvelle génération côtoyait avec plaisir et écoutait avec délectation. Un homme de terrain, proche des suiveurs et des coureurs, des athlètes en général, qu’il respectait avant tout parce que leur métier est difficile.
" Une époque bénie des dieux "
Je ne sais plus très bien dans quelles circonstances nous nous étions connus(Championnats du monde 1972 à Gap ou 1973 à Barcelone ?), mais notre amité remonte à ces années 70 dans l’entourage des confrères, Serge Lang, Jean Regali, Pierre Chany, Robert Silva, Rino Negri, Walter Grimm, Roger Bastide, Emile Besson, Abel Michea, Roger Cornet, Jacques Marchand et bien d’autres, sans oublier Antoine Blondin et ses chroniques quotidiennes que nous savourions chaque matin dans L’Equipe. Une époque bénie des dieux que j’évoque avec nostalgie car la liste se rétrécit au fil des ans et beaucoup de noms de ces camarades d’aventure ont déjà dû être biffés, hélas.
En 1978, je suis passé de la presse écrite à la Télévision suisse romande et l’Eurovision nous a encore plus rapprochés. Avec Jean-Paul, la tribune radio-tv du Tour de France, du Giro et des Mondiaux UCI a été notre lieu de travail en commun, notre deuxième famille et j’en conserve un souvenir ému et inoubliable, même si, parfois, il a fallu élever la voix pour améliorer les conditions du commentaire en direct ! A chaque fois, Jean-Paul était là, solidaire et attentif à nos revendications, membre à part entière de l’Association internationale des journalistes sportifs. Plus tard, à Genève, nous avons plaidé notre cause auprès des dirigeants de ces deux organismes, peu pressés de faire face à une évolution qui compliquait la tâche des reporters et multipliait les problèmes sans qu’ils ne s’en préoccupent vraiment.
" Je l'écoutais religieusement "
Ses connaissances du sport cycliste, son expérience, ses relations avec les anciens champions, ses anecdotes savoureuses, tout cela m’a été très précieux pour mener une carrière de plus de trois décennies à l’antenne de la TSR, dont deux en compagnie de l’ancien vainqueur Roger Pingeon, mon consultant, qui avait beaucoup d’estime pour lui. Je l’écoutais religieusement. On échangeait nos informations. Jean-Paul venait prendre des nouvelles des Suisses pour mieux en parler à ses auditeurs fidèles et reconnaissants. En toute humilité.
Après le décès de Claude Sudres, le délégué international de l’AIJC, il assura durant quelques années la succession avec dévouement, toujours prêt pour la défense des conditions de travail et des intérêts de notre corporation itinérante, très reconnaissante.
Je n’ai pas assez de mots pour dire tout le bien, toute l’estime et toute l’amitié que j’avais pour Jean-Paul. Et tout le bonheur qu’il m’a apporté par sa fréquentation durant toutes ces années.
Bertrand Duboux
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