Dimanche 3 avril, c’est "Le Ronde", entendez par là le Tour des Flandres. "Le Ronde" est, avec la française Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, et le Tour de Lombardie l’une des classiques majeures du calendrier international.
Au départ, en 1913, il s’agissait d’imiter les Italiens qui venaient de créer le premier ville à ville de leur histoire : Milan-San Remo. D’ailleurs, "Le Ronde" avait lieu en même temps que l’épreuve italienne et ceci explique pourquoi on trouve à son palmarès pour ses premières éditions uniquement des coureurs belges. Fort heureusement, en même temps que le parcours s’est durci, l’épreuve est devenue incontournable sur le plan international. Les meilleurs désormais s’y affrontent ...
"Le Ronde" est maintenant beaucoup plus qu’une course cycliste. C’est l’affirmation par le sport cycliste de la vitalité d’une région de la Belgique : les Flandres, ce plat pays chanté avec tant d’amour et de talent par Jacques Brel. Avec l’aide des autorités politiques locales qui militent depuis près d’une décennie pour que l’épreuve soit inscrite au patrimoine culturel de l’humanité, les organisateurs du "Ronde" polissent chaque année leur épreuve afin qu’elle montre au plus grand nombre les charmes et les atouts de cette région.
Le départ est maintenant donné sur la magnifique Grand-Place de Bruges à l’ombre du beffroi. La course, ensuite, s’enfonce dans le pays flamand. Elle se dirige vers Ostende où souffle bien souvent le vent glacial venu de la Mer du Nord toute proche avant de rejoindre Courtrai et Oudenaerde et ensuite de tournicoter, vibrionner et s’agiter dans cette zone géographique particulière qu’est la zone des « bergs », ces monticules pompeusement nommés "montagnes" qui ne sont en fait que de sévères, courtes et abruptes montées recouvertes de pavés au faîte aussi rond que les antiques chapeaux des ecclésiastiques du siècle dernier.
Ces bergs sont au nombre de 54. 18 seront utilisés dimanche par "Le Ronde". Parmi eux, les plus rudes. Le Vieux Kwaremont (1500 m), le Koppenberg (600 m à 20 %) et le Mur de la Chapelle qui prolonge le Mur de Grammont (875 m), véritable obstacle, laminant le peloton ou ce qu’il en reste à cet instant de la course. L’arrivée est alors proche et celui qui passe en tête au pied de la chapelle du Mur de Grammont ("Gerardbergen", en flamand) est bien souvent celui qui, le premier, franchit la ligne d’arrivée tracée à Meerbeke, à l’ouest de Bruxelles.
L’autre attrait du "Ronde" est la parfaite osmose existant entre le public et les acteurs de la course. Qu’il pleuve, neige, vente ou qu’un pâle soleil de printemps surplombe le parcours, la population est toujours dense. Toute la région se fait un devoir de venir applaudir ses héros pédalant. Dans les Bergs, on laisse volontairement la bande roulante libre afin que les coureurs puissent éviter les tracas des pavés. Si le vainqueur est fFamand, il devient à la minute même où il franchit la ligne, un héros qui toute sa vie sera fêté, congratulé et racontera dans les estaminets - où l’on boit force "pils" (bière) dans l’alacrité du cigare froid - les circonstances de son succès.
Dimanche soir, il n’est pas du tout certain que le public fêtera l’un des siens. Le suisse Fabian Cancellara, (Team Leopard - Trek) déjà vainqueur l’an dernier, apparaît aux yeux de tous comme l’épouvantail tant sa prestation, sur un parcours similaire la semaine dernière, a impressionné.
Les coureurs français, au nombre de 25, tenteront de ne pas se contenter d’un rôle de spectateurs. Yohann Offredo (FDJ) et Sylvain Chavanel (Quick Step) sont prêts à affronter le parcours et ce peloton que l’on compare souvent à une horde de bisons sauvages tant le coureur flamand sur ses terres est animé des intentions les plus belliqueuses.
Jean-Paul
* La course sera retransmise sur France 3, à partir de 15h20 et sur Eurosport, à partir de 15h15.
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