Cadel Evans s’apprête à mettre son titre mondial en jeu sur ses propres terres australiennes. Au début de la saison et même il y encore une semaine les chances de l’Australien de conserver son titre paraissaient nulles. Mais les coureurs, les entraîneurs, les techniciens du cyclisme sont maintenant à pied d’œuvre. Ils ont découvert le circuit proposé aux 178 partants. Comme par enchantement, la cote des puncheurs est devenue plus importante au détriment de celles des sprinters. Pourquoi ? Tout simplement parce que les techniciens ont parlé une fois de plus sans savoir. Ils ont émis des doutes sur les capacités du circuit à être sélectif sans véritablement en connaître toutes les données. C’est une attitude pour le moins curieuse pour un sport qui se veut résolument moderne, apte à innover et à appliquer des trouvailles de génie (!!!) lorsqu’il s’agit de contourner la loi notamment celle du dopage.
On a l’impression que tous ces Messieurs qui croient détenir la vérité se sont fiés uniquement aux relevés topographiques approximatifs des lieux et ont fait passer le message suivant : « Le circuit est plat. Il est fait pur les sprinters ».
Mais lorsque les coureurs l'ont découvert, le ton a changé. Cavendish, lui-même, a fait savoir que le circuit ne lui paraissait pas aussi favorable que prévu. A l’opposé, Philippe Gilbert n’a pu cacher son contentement. « Ce circuit, a-t-il dit, me plaît. On peut y faire de bien belles choses ».
Mêmes propos chez les sprinters qui expriment leur désappointement alors que les battants mettent en avant la possibilité de faire échec aux lévriers du peloton. La course nous donnera sa vérité. Mais on ne peut s’empêcher de penser à Cyrille Guimard. Lorsqu’il était directeur sportif de Bernard Hinault, le Tour de France devait emprunter un col inédit, Marie-Blanque. Guimard est allé reconnaître seul ce col puis pour renforcer son opinion a fait appel à des cyclo-sportifs de la région pour savoir les braquets à employer. Résultat : Hinault a passé ce col sans encombre. Il avait le bon braquet. A ma connaissance, il n’a pas été fait appel aux coureurs locaux pour donner des renseignements sur le circuit. Dommage, car la vérité en ce domaine n’est pas uniquement européenne. La preuve : Cadel Evans défend son titre et c’est un australien Michael Matthews qui à l’issue d’une course formidable remporte celui des Espoirs.
Un petit rappel pour mémoire. La course des professionnels est longue de 257 km avec d’abord 82 km de Melbourne à Geelong puis un circuit de 15, 9 km à parcourir 11 fois. C’est sur ce circuit que se trouvent les deux côtes. Celle de Challambra (1, 1 km à 9,2 % avec un maxi à 19 %) et celle de Queen’s Park Road (500 m à 12 % avec un maxi de 16 %) dont le sommet n’est situé qu’à 6,2 km de l’arrivée jugée à la suite de faux-plats montants.
On connaît en gros la participation. 9 Australiens, 9 Espagnols, 9 Italiens…7 Français…3 Anglais…3 Slovaques…6 Marocains… Mais le plus intéressant est de savoir qui roule pour qui.
Alors sachez qu’au départ il y a 15 Columbia, la formation habituelle de Cavendish. Autres questions : pour qui va rouler Cancellara ? Pour qui vont rouler Boassen-Hagen et Hushovd ? Pour qui va rouler Sagan ?
En France, on n’a pas les mêmes problèmes. Il n’y a pas de leader désigné à l’avance à la demande de Sylvain Chavanel. On espère une course de mouvement pour pouvoir se glisser dans les échappées. S’il y a sprint massif, on joue la carte Romain Feillu.
A demain pour cet atypique Championnat du monde qui ouvre encore plus grandes les portes de la mondialisation et qui se disputera sans oreillettes.
Jean-Paul
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