Il
y a deux façons de commenter la victoire du kazakh dans Liège-Bastogne-Liège. L’exploit
d’abord car indiscutablement c’en est un. Puis le repentir. Est-il véritable ?
L’exploit.
Tous les meilleurs coureurs étaient sur la ligne de départ à Liège, devant le
Palais des Princes Evêques, pour cette dernière classique printanière. Le grand
favori était l’enfant du pays, le belge Philippe Gilbert. Il devait se défaire
pour l’emporter des Contador, Valverde, Cadel Evans, Cunego, des frères Schleck
qui tous adorent cette course et rêvent de la dominer au moins une fois dans
leur carrière. Ils étaient tous prêts pour la féroce bataille qu’ils
entendaient se livrer sur les routes escarpées des Ardennes belges.
La Doyenne est une vieille dame, née en 1892, qui s’apprivoise et ne se donne qu’après une somme d’efforts considérables. C’est la raison pour laquelle ce fut d’abord une longue course d’attente. Personne n’osant se découvrir au fur et à mesure que les multiples côtes étaient escaladées. Hormis bien sûr la traditionnelle échappée matinale au sein de laquelle figurait le français Maxime Bouet.
Rien dans la Côte
de Wanne. Rien dans la Côte de Stockeu au sommet de laquelle Eddy Merckx est
statufié en raison de ses cinq victoires dans cette épreuve. Rien non plus dans
la difficile Côte de la Redoute pourtant située à 35 kilomètres de l’arrivée.
Ce n’est que dans la Côte de la Roche aux Faucons, à 20 kilomètres de l’arrivée
que les ténors ont commencé à se découvrir. Andy Schleck suivi comme son ombre
par Philippe Gilbert puis Cadel Evans, puis Cunego, puis Contador, puis
Vinokourov, puis Voeckler ( peu récompensé au final par une 11° place), puis
Ivanov et enfin Valverde et Kolobnev ont tour à tour secoué le peloton, émiettant
celui-ci et le faisant éclater tel un fruit trop mûr.
Au
final, c’est Kolobnev qui a pris les devants vite rejoint par Vinokourov. Les
deux hommes se connaissent bien. Ce sont deux authentiques rouleurs. Kolobnev,
déjà deux fois deuxième d’un championnat du monde savait qu’il avait une bonne
chance de l’emporter étant réputé plus rapide au sprint que le coureur kazakh.
Les deux hommes n’ont pas eu besoin de se faire de longs discours. D’ailleurs,
ils n’ont entamé aucune conversationt. Leur collaboration était nécessaire pour
aller jusqu’à l’arrivée sans se faire rejoindre. Ils ont vite pris leurs
distances avec le groupe lancé à leur poursuite et c’est lorsque Philippe
Gilbert a placé un contre qui ne fut pas couronné de succès que l’on compris
combien ces deux coureurs-là étaient bien les meilleurs de la course aujourd’hui.
Dans le long faux plat accédant à la ligne d’arrivée, Vinokourov, le plus frais
et le plus puissant des deux accéléra une dernière fois pour vaincre une deuxième
fois après son succès de 2005 dans cette épreuve, une victoire accueillie par
une bordée de sifflets ( déception de la foule de ne pas voir Philippe Gilbert
en vainqueur ou allusion aux affaires de dopage ? ).
Vinokourov
et Kolobnev ont vraiment laissé alors une grande impression de puissance et de
maîtrise en s’extirpant du groupe des favoris et en les distançant aussi
rapidement. C’était vraiment du grand cyclisme digne de La Doyenne.
Maintenant
la question qui se pose est la suivante : Vinokourov est-il un vrai
repenti ?
Nul
n’a oublié qu’il a trompé lourdement son monde lors du Tour de France 2007 en étant
exclu à Pau pour dopage aux transfusions homologues entraînant alors son équipe
Astana dans l’opprobre ( pas de Tour de France pour Astana en 2008 ).
La
transfusion homologue à laquelle Vinokourov s’est soumis est l’un des systèmes
de dopage le plus violent et le plus contraire aux règles du sport. Il s’agit
de se faire transfuser du sang provenant… d’un tiers pourvu qu’il soit du même
groupe sanguin. Ce procédé permet durant une quinzaine de jours d’améliorer le
rendement du coureur d’au moins 30 %.
Vinokourov
a été condamné à deux ans de suspension. Il a purgé ces deux années puisqu’il n’est
revenu en compétition qu’au mois d’août l’an dernier en triomphant dans le
contre la montre du Tour de l’Ain.
Tout
auteur de fait délictueux a droit au pardon. Il en est ainsi dans toutes les
sociétés modernes. Vinokourov a-t-il le droit au pardon ? Lui seul, le
sait.
Pour
l’Union Cycliste Internationale qui régit la course cycliste, la réponse est
oui puisqu’elle a redonné sans discuter une licence à Vinokourov après sa
suspension.
Il
nous revient cependant en mémoire les propos de Dick Pound, alors président de
l’Agence Mondiale Antidopage, après l’exclusion du coureur du Tour à Pau « Il
faut mette en œuvre une tolérance zéro. J’ai proposé à plusieurs un plan à l’UCI.
En vain ».
Pour
l’heure, on ne voit pas les prémices de cette tolérance zéro même si des
coureurs se font encore prendre la main dans le sac.
L’Union
Cycliste internationale ne peut à elle seule éradiquer le dopage. Elle doit écouter
les voix les plus autorisés ce qu’elle se refuse à faire.
Jean-Paul
Bonjour Mr BROUCHON, Oui vous avez raison performance ou vrai repentir ?????
Sportivement amicalement et bonne journée.
Jean-Claude TOISON
Rédigé par : JC. TOISON | 26 avril 2010 à 09:21
S'il veut éviter la suspicion, Vinokourov doit respecter 3 regles :
- ne pas nier l'évidence
- jouer la transparence dans sa préparation
- ne pas être arrogant
S'il arrive à suivre ces regles, alors il regagnera peut-être le respect des amateurs de vélo (comme Rous, Brochard ou Millar)
http://21virages.free.fr/blog/index.php?post/2010/04/26/vinokourov
Rédigé par : Mart1 du blog de l'Ardoisier | 26 avril 2010 à 17:22
Je suis très surpris de la tonalité de cet article et des deux commentaires précédents.
Pourquoi entretenir cette suspicion ? Encore une fois, les détracteurs du cyclisme n'attendent que ça. Et puis, comme on dit en matière judiciaire, Alexandre Vinokourov (AV) a payé sa dette au sport cycliste; on ne doit plus lui en parler.
Voyez-vous, cette victoire m'a fait plaisir. J'ai toujours bien aimé ce Vino; venu de l'Est avec la "faim" aux tripes, dur au mal, débuts pros en France, francophile (il a recommencé en 2009 en France: Castillon la Bataille, Tour de l'Ain, Chrono des Herbiers).
Et puis, cette belle victoire à 36 ans; croyait-on l'avoir tué avec cette suspension de 2 ans. Une belle résurrection ! Et au prix de quelle somme de travail: 7 heures de selle quotidiennes en montagne ! Les pros français feraient bien de s'en inspirer (il parait que la plupart d'entre ne s'entrainent que 3h maximum). Cherchez l'erreur !
Et puis je voudrais dire ceci aux passionnés des années 50, 60, 70 (c'était mieux avant quoi !).
J.Anquetil est mort à 53 ans, L.Bobet est mort à 58 ans, les 2 d'un cancer. Ca mérite réflexion.
Et même R.Poulidor. Les années 69, 70, 71; creux de vague dans sa carrière.
Et à 36 ans, à partir de 1972, découvrant la "diététique" dans sa nouvelle équipe Gan avec L.Caput, sa carrière resplendit à nouveau. 2 victoires consécutives en 1972 ( à 36 ans) et 1973 (37 ans) dans Paris-Nice en battant Merckx ! Faillit battre Merckx dans le TDF et le CDM en 1974 (38 ans)! En 1976, à 40 ans, 3ème du TDF, 2ème de Tours-Versailles !
Et LA, après un cancer, revient plus fort et changé morphologiquement, et 3ème du TDF à 37 ans après 3 années d'interruption de compétitions ! Etonnant non ?
Voyez-vous, quand un athlète a "la classe", et "fait le métier", et c'est le cas de Vino; il n'y a pas de "mystère". Les grandes victoires arrivent.
Rédigé par : BH78 | 30 avril 2010 à 19:36