Paris-Roubaix - "la dernière folie que le sport cycliste peut encore s’offrir" - selon la belle expression de Jacques Goddet, est la classique la plus convoitée du calendrier cycliste international.
Comme pour le Tour des Flandres, son aura est telle que même les journaux américains, et depuis peu les télévisions, consacrent à l’événement de nombreuses pages et de longues heures d’antenne (pas des minutes, des heures). De ce fait, Paris-Roubaix est devenue un spectacle auquel assiste désormais une grande partie de la planète.
Gagner Paris-Roubaix est le rêve de beaucoup mais peu accessible à tous.
Les anciens vainqueurs ont tous raconté comment ils avaient préparé cette épreuve. Tous avaient au départ la même féroce envie de gagner. Seule les différencie la manière de se concentrer ...
Gilbert Duclos-Lassalle, par exemple, allait participer au Tour du Pays Basque pour fuir son entourage car il était d’humeur massacrante à quelques jours de la course. Il évitait ainsi les reconnaissances en groupe, les sollicitations de la presse et les interminables discussions sur la course.
Eddy Merckx, pourtant habitué aux multiples succès, passait toujours la veille de l’épreuve un long moment avec son mécano, vérifiant, mesurant, inspectant tout ce qui pouvait être vérifié, mesuré, inspecté. Le soir, après le repas et la mise au point de la tactique, il allait toujours regarder sa machine, s’attardant sur la plaque de cadre qui venait d’être posée et ne regagnait sa chambre qu’après une ultime conversation avec le mécano.
Le matin, lorsque les coureurs viennent signer la feuille de départ, les visages sont d’une grande gravité. Rares sont ceux qui tiennent salon. Je me souviens de Francesco Moser, le regard sombre, scrutant le ciel sans dire un mot et filant, insensible aux marques d’affection du public, se reconcentrer dans la voiture de son directeur sportif.
Une seule fois j’ai vu un coureur au départ faire preuve d’esprit. C’était Raymond Poulidor. On lui présente Georges Brassens et l’écrivain René Fallet qui allaient suivre la course. Brassens était sorti de l’hôpital quelques jours plus tôt après une douloureuse opération des reins. « Oh ! Monsieur Brassens, comme vous allez être secoué aujourd’hui, lui dit Raymond. J’espère que vous pris de bons et confortables coussins avec vous ».
Sur la ligne de départ, le coureur sait ce qui l’attend. Une longue chevauchée sur des chemins d’un autre âge. Une attention continue pour savoir où poser les roues, le choix immédiat sur les zones pavées entre le bas-côté plus roulant mais plus favorable à la crevaison ou le haut du pavé moins confortable et réservé aux puissants. Et surtout cette lutte perpétuelle contre la nature du chemin proposé et la douleur. Il n’est pas rare de voir à la sortie d’un secteur pavé particulièrement méchant, le coureur, sur la route asphaltée, se redresser quelques instants sur sa machine avant de remettre les mains au guidon et de continuer sa progression vers le vélodrome de Roubaix.
Un coureur ne peut gagner seul Paris-Roubaix. Il lui faut de solides équipiers surtout pour les 200 premiers kilomètres. Pour son premier succès en 1978, Moser avait l’aide précieuse de son équipier anglais Phil Edwards. Ce dernier abordait toujours en tête les secteurs pavés suivi de Moser. Edwards, comme en ski, « faisait la trace ». Partout où il mettait ses roues, Moser mettait les siennes. Du grand art. A la fin, vidé de ses forces, Edwards faisait signe à Moser de ne plus compter sur lui et Moser parti seul vers le vélodrome de Roubaix pour obtenir la première de ses trois victoires consécutives.
Bernard Hinault, en 1981, entame bien mal la course. Il crève dès le premier secteur pavé puis est victime d’une chute et à nouveau d’une crevaison. Ses équipiers Hubert Arbes, Lucien Didier, Maurice Le Guilloux, Marc Madiot et Pascal Poisson ont dû « se mettre à la planche » durant de nombreux kilomètres pour le ramener en bonne position dans le peloton.
En course, le coureur, ai-je dit plus haut, doit toujours avoir une attention soutenue.
En 1981 toujours, à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée, dans la région de Templeuve, le secteur pavé est particulièrement humide. La sente fait un angle droit empli de boue avec une immense flaque d’eau bien noire. On ne voit rien du pavé. Le groupe de tête avec Bernard Hinault arrive à cet endroit. Un chien échappe à la vigilance de son maître et traverse le pavé. Pour l’éviter, Hinault saute de son vélo, le met sur son épaule et passe derrière les spectateurs pour réapparaître un peu plus loin, là où les spectateurs sont moins nombreux. Et allègrement, il reprend sa place en tête de la course. Il a ainsi sûrement évité une nouvelle chute.
L’encadrement du coureur joue aussi un grand rôle. Rien n’est laissé au hasard. Les voitures des directeurs sportifs sont munies de plaques métalliques disposées sous le châssis afin d’éviter la détérioration d’un carter ou d’une pièce importante. Les proches, les amis sont réquisitionnés pour fournir des roues à des endroits bien précis connus du coureur. En 1999, le champion d’Italie Andrea Tafi se porte en tête de la course à
Jean-Paul
Les multiples podiums
9. Roger De Vlaeminck : 4 fois 1°, 4 fois 2° et 1 fois 3°
7. Francesco Moser : 3 fois 1°, 2 fois 2° et 2 fois 3°
6 : Rik Van Looy : 3 fais 1° ; 2 fois 2° et 1 fois 3°
5. Eddy Merckx : 3 fois 1° et 3 fois 2°
5. Tom Boonen : 3 fois 1°, 1 fois 2° et 1 fois 3°.
Vainqueurs portant des lunettes
On a toujours cru que le port de lunettes de vue était un handicap pour remporter Paris-Roubaix. Ce ne fut pas le cas pour les hollandais Jan Janssen et Jan Raas qui ont remporté Paris-Roubaix avec leurs lunettes de vue.
Le directeur sportif le plus comblé
C’est assurément le belge Patrick Lefévère, vainqueur par coureur interposé dix fois dont quatre triplés en quinze participations.
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