Autrefois, on se battait pour être le dernier du classement général, histoire de mieux monnayer l’après-Tour.
Après l’abandon sur chute du Hollandais Kenny Van Hummel de l’équipe Skil-Shimano dans l’étape Bourg-Saint-Maurice/Le Grand-Bornand, c’est un Bélarus de 25 ans, Yauheni Hutarovich de La Française des Jeux qui a l’insigne honneur d’être bon dernier au classement général de ce Tour 2009 en se classant 156 ème de l’épreuve et qui hérite donc symboliquement de la fameuse « Lanterne rouge », une tradition aussi vieille que le Tour, inspirée par la lanterne qui signalait l’arrière des trains. Pour autant, Yauhen Hutarovich, professionnel depuis 2007 (Roubaix Lille Métropole, l'équipe de Cyril Guimard), s'est aussi distingué en remportant une étape du Tour Méditerranéen et s'est classé 22ème de Paris-Roubaix 2009.
Il fut un temps où cette lanterne rouge - dont le premier, en 1903, fut Arsène Millocheau, en 64h47’ ! - était très recherchée parce qu’elle assurait des contrats lucratifs d’après-Tour à son titulaire ...
« Des avantages qu’il convenait de savoir mériter en prenant bien soin de ne pas être délogé de la dernière place. D’où ces « courses dans la course » bien loin de l’obtention du maillot jaune… », écrit le journaliste Robert Ichah dans « Le Tour, 100 ans de légende » (Solar). Le record appartient toujours à Antoine Deflotrière, lanterne rouge de l’édition 1904, en 101h36’ !
Mais avec le temps et le gigantisme de la course, la coutume de la lanterne rouge s’est éteinte petit à petit comme le balai, qui a disparu de la voiture-balai (dans laquelle plus aucun coureur ne monte aujourd’hui…). « La lanterne rouge finit par agacer les organisateurs qui estimèrent dégradant de célébrer le dernier de la classe et de lui offrir des avantages matériels. Ils recommandèrent aux journalistes maison de ne plus relayer une publicité malvenue », confirme Robert Ichah.
N’empêche que plusieurs champions français qui sont passés par là, évoquent sans traumatisme cette parenthèse dans leur carrière : c'est arrivé à Jacky Durand, double champion de France en 1993 et 1994, 141ème et bon dernier du Tour en 1999, sous le maillot Loto. Quant à Jimmy Casper (aujourd’hui chez Besson Chaussures-Sojasun), il a réalisé le doublé : en 2001, alors qu’il courait sous les couleurs de La Française des Jeux (144ème place), et en 2004 alors qu’il venait de rejoindre l’équipe Cofidis en se classant 147 ème. Un record qu’il partage avec l’Autrichien Gerhard Schonbacher, lanterne rouge 1979 et 1980 du Tour.
Philippe de La Grange
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