Par Jean-Paul Brouchon
Le vent a toujours été l’adversaire de la course cycliste. Qu’il soit de face, de côté ou de dos, il est toujours une contrainte. Sur l’étape du jour, Marseille-La Grande-Motte, il a soufflé plus que de raison sur les longues lignes droites de la plaine camarguaise. La formation Columbia en a profité pour faire une nouvelle fois une démonstration de sa force collective. Alors que le peloton, tranquillement, refaisait le terrain perdu pour rejoindre les quatre échappées de la première heure de course, les Columbia se sont mis en tête imprimant un tel rythme que, quelques kilomètres plus loin (à 30 km de l’arrivée), ils ont formé une bordure, cet éventail qui ne laisse la place qu’aux plus forts.
Seul parmi les leaders des autres équipes, Lance Armstrong, accompagné de ses équipiers Popovych et Zubeldia, a pu suivre et faire jeu égal avec les Columbia. Tous les autres candidats à la victoire finale, croyant sans doute que les Columbia ne recherchaient qu’une autre victoire d’étape de Cavendish, se sont fait surprendre dans ce piège pourtant gros comme une maison. Résultat : avec l’aide des équipiers d’Armstrong et d’une partie de la formation Skil, Cancellara, qui avait flairé le bon coup, consolide son maillot jaune tandis que les Contador, Evans, les frères Schleck, Menchov et Sastre accusent sur la ligne un retard de 41 secondes sur le vainqueur de l’étape Mark Cavendish.
41 secondes, ce n’est rien ...
mais on peut se demander pourquoi ces candidats à la victoire finale ne sont pas plus attentifs aux faits et gestes des membres de la formation Columbia. Pourquoi les directeurs sportifs, d’habitude si prompts à réagir, si acharnés à donner leurs ordres par l’intermédiaire des oreillettes, n’ont pas averti leurs coureurs de ce qui se tramait. Tout laissait supposer une telle offensive des Columbia. La nature du terrain (totalement plat) et le vent défavorable). Comme les coureurs, ces directeurs sportifs-là ont été surpris. Le seul leader qui, peut-être en raison de sa connaissance de la course cycliste, a su réagir au moment voulu, fut Lance Armstrong qui, à La Grande-Motte, se retrouve 3ème du classement général.
L’avenir nous dira si son grand ami, George Hincapie, membre de la formation Columbia, l’avait mis au courant de la proximité de cette offensive et s’il avait gardé l’information pour lui.
Il y a quelques jours, Christian Prudhomme faisait remarquer que le bord de mer devait toujours être inclus dans un tracé de Tour de France car il était source de course de mouvement, d’offensives subites dûes aux effets du vent. Le directeur du Tour, qui a rompu avec les habitudes passées, a visé juste. Et ce n’est pas terminé, car la course va encore longer le bord de mer pour se rendre à Barcelone.
Le Tour va maintenant aborder une autre spécialité du cyclisme : la course contre la montre par équipes. C’est l’examen de passage des équipes. Le futur vainqueur du Tour fera obligatoirement partie de l’équipe qui se classera dans les trois premières places de cette étape.
En ce début de Tour, l’incertitude est totale et c’est encore Armstrong, plus que Cavendish pourtant deux fois vainqueur, qui tient le haut de l’affiche. Jusqu’à quand ?
Jean-Paul Brouchon
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.