Le suspense tant attendu n'a pas eu lieu

On attendait sans doute trop de cette ultime ascension, celle du Ventoux, la veille de l’arrivée à Paris. Le classement général final était joué en ce qui concerne les deux premières places depuis l’étape du Grand Bornand. Il ne restait plus qu’à attribuer la place de troisième sur le podium. Finalement, au sommet du Géant de Provence, le classement des trois premiers ne varie pas avec, dans l’ordre, Alberto Contador, Andy Schleck et Lance Armstrong.

La victoire d’étape est pour le modeste espagnol Juan-Manuel Garate du Team Rabobank, un professionnel depuis neuf ans au palmarès assez mince (champion d’Espagne en 2005), un coureur plus habitué à courir pour les autres que pour lui-même. Garate est le rescapé d’une échappée qui a pris corps dès le départ donné et dont le succès du jour n’est pas sans rappeler celui acquis sur les mêmes pentes et dans le même contexte par Richard Virenque en 2002.

Les candidats à la troisième place se sont neutralisés. Certes, le jeune Andy Schleck a plusieurs fois tenté de secouer le cocotier mais à chaque accélération, il avait aussitôt Contador dans la roue et surtout il voyait que son frère Frank ne suivait pas. Frank, aujourd’hui, n’avait pas les jambes qui furent les siennes dans les Alpes. Prisonnier de cet amour fraternel, Andy Schleck a laissé passer sans aucun doute une superbe occasion d’enflammer cette ascension du Ventoux.

Contador, selon son  propre propos, n’a pas eu beaucoup à s’employer. Sa tâche était de contrôler la famille Schleck. Frank défaillant,  il s’est contenté de suivre et de répondre avec à propos aux offensives d’Andy.

Quant aux autres, les Wiggins et  Nibali, intéressés eux-aussi par la place troisième. Ils se sont vite résolus à jouer les suiveurs. Trop fatigués ? ...

sans doute. Sans inspiration ? Beaucoup plus sûrement. Résultat : les quatre premières places du classement général restent attribuées au sommet du Ventoux à ceux qui les possédaient avant le départ de l’étape. 

Le tracé de cette dernière semaine de course était-il alors trop difficile ? La question se pose. Lorsque ce parcours fut connu, rares furent ceux qui élevèrent la voix pour le dénoncer. Bien au contraire, tous les observateurs ont salué cette accumulation de difficultés. Mais si les organisateurs proposent ce sont les coureurs qui disposent. Or, dans ce Tour de France, ou l’on s’est parfois ennuyé, les coureurs, ceux qui briguaient la victoire finale, n’ont pas osé. Il semble bien qu’il y ait un problème dans la génération actuelle. On n’attaque plus franchement par peur de la contre-attaque. Terminé le temps des grandes envolées dans la haute montagne pour aller chercher le maillot jaune. Désormais, on gagne petit.

Les directeurs sportifs sont en partie responsables de cet état d’esprit, emberlificotés qu’ils sont dans leur tactique de bas étage. Je n’en veux pour preuve que l’attitude de Johan Bruyneel interdisant à Contador d’accélérer dans le Tourmalet pour protéger Armstrong qui ce jour-là n’était pas au mieux.

Fort heureusement Alberto Contador s’est montré le meilleur dans un environnement franchement hostile qui a fait ressembler son équipe Astana à une véritable pétaudière. Nous aurons l’occasion d’y revenir après la dernière étape, mais ce coureur-là est d’un mental exceptionnel. Il n’a cessé d’avaler des couleuvres tout au long de l’épreuve avant de jouir enfin d’une victoire cent fois méritée.

Lance Armstrong termine donc ce Tour à la troisième place. C’est un exploit après trois ans d’arrêt mais les circonstances de course qu’il a provoquées lui ont été très favorables. Il veut revenir l’an prochain. Les données ne seront plus les mêmes. Contador sera dans une autre formation que la sienne. Andy Schleck aura, on l’espère, fait des progrès dans les épreuves contre la montre.

Lance Armstrong a réussi son retour même s’il ne gagne pas ce Tour. Gageons que sa photo sur le podium va faire le tour du monde. Même battu, il  bénéficie d’ores et déjà d’une aura dont Contador a bien besoin car pour le grand public, ce Tour ce n’est pas celui de Contador, c’est celui d’Armstrong.

 

Jean-Paul Brouchon

Comments

[Rédigé par : BH78]

Entièrement d'accord avec votre article, sauf la dernière phrase !
Ce tour n'est pas celui de LA, qui a (au passage) encore "manoeuvré" dans le Ventoux ! Si AC "se lâche" vraiment avec Andy S, qui sait si LA "n'explose pas" ? Je suis mêms sûr que oui, et il aurait alors "dégringolé" à la 5ème ou 6ème, ou 7ème place au général. Ce qui était d'ailleurs sa "vraie" place !
Alors, le Tour de LA ????

[Rédigé par : voyance gratuite immediate]

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[Rédigé par : Snapbacks Sale]

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