Par Jean-Paul Brouchon
On avait dit avant le départ du Tour que la seule chance des coureurs français de se distinguer était de jouer les baroudeurs, les attaquants, les offensifs, car pour les maillots distinctifs, sauf peut-être celui du meilleur grimpeur, ils n'étaient pas de taille à lutter contre les grosses pointures du peloton.
Thomas Voeckler de l'équipe BBox Bouygues Telecom, fait partie de ces coureurs-là, constamment à l’attaque, et peu souvent récompensé à l’échelon international. Comme d’habitude, dès le départ de l’étape, une échappée s’est formée avec deux coureurs français Anthony Geslin et Thomas Voeckler. Cette offensive a tout d’abord bénéficié de la mansuétude du peloton jusqu’au moment ou le vent s’est levé provoquant une subite et attendue réaction du gros de la troupe. Mais c’était trop tard pour rejoindre les échappés. A 4 kilomètres de l’arrivée, Voeckler, surprenant ses compagnons de fugue, est allé quérir une belle victoire d’étape. C’est le premier succès tricolore depuis le départ de l’épreuve. Il est fêté comme il se doit car Voeckler est un coureur atypique dans le peloton français ...
Voeckler est le pur produit d’une structure mise en place, en Vendée, il y a plus de dix ans par l’ancien coureur Jean-René Bernaudeau. Cette structure consiste à rassembler aux Essarts, une commune vendéenne, des jeunes coureurs pour les former aussi bien intellectuellement que de les aguerrir à la vie de coureur cycliste. Cette structure bâtie grâce aux magasins U et au Conseil Général de Vendée, baptisée Vendée U, permet aux meilleurs de passer professionnel et aux autres d’être prêt pour une entrée dans la vie active avec un bagage certain puisqu’ils sont tous inscrits dans une section Sports-Etudes, où les résultats scolaires doivent aller de pair avec les résultats sportifs.
Thomas Voeckler, de retour des Antilles où il vit depuis l'âge de sept ans, intègre cette structure en 1998 et devient professionnel toujours aux côtés de Jean-René Bernaudeau en 2001.
2004 est sa meilleure année puisqu’il devient champion de France et porte pendant dix jours le maillot jaune lors du Tour de France. Tout de suite, il est adopté par le public français qui adore cet homme affable, toujours prêt à sourire, qui défend son précieux trophée avec acharnement malgré le désir insistant de Lance Armstrong de redevenir au plus vite premier du classement général. Par la suite Voeckler porte le maillot des grimpeurs dans le Tour, puis le maillot des jeunes. Jamais encore, malgré ses efforts, il n’avait pu remporter une étape. C’est maintenant chose faite.
La victoire de Voeckler, acquise le jour du 53 ème anniversaire de Bernaudeau, remet d’aplomb une équipe fort malchanceuse lors du contre la montre par équipes de Montpellier au cours de laquelle elle avait du enregistrer la chute de quatre coureurs et deux crevaisons, pour finir à une très modeste 19 ème place sur 20 équipes.
La preuve est faite : en cyclisme, et dans le Tour de France en particulier, il ne faut jamais se désespérer; la chance finit toujours par sourire aux audacieux.
Jean-Paul
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