Par Jean-Paul Brouchon (à New York)
Jean-Paul Brouchon est en voyage aux Etats-Unis, mais il n'oublie pas ses fidèles et envoie ce texte dans lequel le vélo apparaît comme le parent pauvre des sports américains. Même le nom de Lance Armstrong, qui court le Tour d'Italie, est passé sous silence...
Hello. Bonjour à tout le monde. Ce ton légèrement primesautier pour commencer cette chronique bien loin de la France, étant en voyage aux Etats-Unis. Depuis huit jours, depuis mon arrivée sur le sol américain, une question me taraude : Lance Armstrong est-il actuellement un sujet d’intérêt pour son pays ? Certes, je ne passe pas mon temps devant les émissions de TV qui traitent du sport, je ne feuillette pas non plus les 280 journaux qui paraissent chaque jour a New York. Mais pour le moment a quelques heures du départ du Giro, c’est le vide le plus complet à son sujet. Juste quelques lignes pour indiquer que Lance Armstrong a disputé cette épreuve avec Leipheimer et Horner revêtu du nouveau maillot du magasin de cycle d’Austin qui lui appartient. C’est un maillot noir avec une bande jaune sur la poitrine et une étoile en haut de chaque manche. Sur la bande jaune il lest écrit : “Mellow Johnnys Bike Shop." Le prix du maillot, indique la légende de la photo, est de 110 dollars, soit 80 euros, disponible sur le site mellowjohnnys.com ...
Heureusement j’ai quand même trouvé le résultat du Tour de Romandie avec le classement des dix premiers. En revanche, je n’ignore rien des plays offs de basket, des championnats de base-ball, de hockey sur glace, des finales d’athlétisme des collèges. Je sais que c’est la fin des finales de tennis des collèges. Je sais aussi que la finale des échecs des collèges approche et qu'une joueuse est donnée favorite. Je sais que la saison de golf bat son plein et j’ai pris connaissance des résultats des championnats de football d’Espagne, d’Italie, d’Angleterre et d’Allemagne mais pas de France. “C’est un championnat trop médiocre”, m’a dit un confrère rencontré par hasard sur la Cinquième Avenue.
La presse quotidienne et la TV n’assouvissant pas mes désirs, je me suis jeté sur la presse spécialisée : Bicycling et l’édition américaine de l’anglais Cycle Sport.
Dans le premier, dix pages sur le Giro dont deux sur Fausto Coppi car, dit le journal pour bien comprendre le Giro, il faut beaucoup savoir sur Coppi. Les six pages suivantes sont consacrées a l’histoire de la course avec les exploits de Merckx, ceux de Hinault et d'Anquetil. Les pages suivantes sont une présentation de lépreuve avec les principales dificultés sans aucune allusion a la participation.
En tournant les pages du magazine, je tombe sur une photo pleine page de Lance Armstrong en plein effort avec le maillot Livestrong. En haut de la page une injonction : “Créez votre propre retour”, puis sous la photo : “développez l’athlète qui est en vous. Envoyez vos photos, vos DVD, vos histoires à Carmichael Training qui va s occuper de vous.
Carmichael, c’est Chris Carmichaël, l’ancien coureur du Tour, qui a concocté pour Armstrong son plan de retour a la compétition. Il en profite le bougre pour arrondir son compte en banque. Reste a savoir si cette poule aux oeufs d’or va durer encore longtemps...
Youpi : la veille du départ du Giro, un quart de page dans US ToDay, le Journal le plus lu des Etats-Unis. Il y a la carte de l’épreuve, les étapes, mais pas leurs difficultés, ni la liste des partants. La participation de Lance Armstrong est considerée comme une "distraction". Il s’agit en fait d’une relecture d'une dépêche AP que vous connaissez tous. Rien de bien neuf en conséquence. Sauf une grosse erreur du champion américain qui affirme qu’en matière de contrôle antidopage, les Francais se sont calmés. En fait, il a subi depuis l’annonce de son retour vingt-sept contrôles, dont un seul diligenté par la France.
Je quitte bientôt New York pour Lancaster et Philadelphie. Je vais regarder le Giro à la TV sur une chaîne du câble, aller rendre visite aux Amish pour saluer, si je les vois, les parents de Landis et repérer le circuit du Championnat des Etats-Unis du 25 juin. Je vous raconte tout dans quelques Jours.
See you later.
Jean-Paul Brouchon
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