Incontestable rendez-vous breton du cyclisme, le Grand Prix de Plouay bénéficie depuis la lutte intestine entre ASO (Organisateur du Tour de France) et l’Union Cycliste Internationale du label Coupe du Monde. Cela permet à l’organisateur d’avoir sur la ligne de départ les meilleures équipes du moment mais pas forcément les meilleurs coureurs. C’est ainsi, qu’annoncé avec fracas, Alberto Contador a déclaré forfait au dernier moment, tandis qu’Armstrong était retenu en Irlande pour le Tour national (il n’a pas terminé l’épreuve en raison d’un rendez-vous avec la présidente du pays). Les frères Schleck, et bien d’autres encore qui se sont illustrés sur le Tour, avaient fait l’impasse sur cette course.
Longue de 230 kilomètres, cette épreuve ne propose pas un circuit très difficile malgré la présence de deux côtes et se termine souvent par un sprint massif. Ce fut en particulier le cas lors du Championnat du Monde 2000 remporté par le letton Vainsteins, lequel n’a jamais confirmé par la suite ce succès d’un jour ...
En regardant le classement de la course (1er Gerrans, 2ème Fedrigo, 3ème Martens), il me revient en mémoire cette phrase de Francis Pelissier, coureur emblématique des années 20 et premier directeur sportif de Jacques Anquetil lors des débuts professionnels du normand : « Môme, disait-il à celui qui venait lui annoncer une victoire, tu as gagné mais devant qui ? ».
Le vainqueur de Plouay peut se poser la même question. Lui, modeste coureur australien (vainqueur à Prato Nevoso, l’an dernier sur le Tour ) - qui a découvert le cyclisme grâce à l’ancien maillot jaune Phil Anderson qui lui prêta l’une de ses machines afin qu’il se rétablisse au plus vite après une chute de moto - peut s’estimer satisfait de sa victoire. Il a battu celui qui est actuellement le meilleur coureur français, Pierrick Fedrigo, de l'équipe BBox Bouygues Telecom, celui qui sera très certainement lors du prochain Championnat du Monde l’homme de base de l’équipe de France.
Pierrick Fedrigo est un cas à part dans le cyclisme national. Il fait d’abord partie des coureurs qui refusent les trop célèbres oreillettes, estimant comme dans sa victoire d’étape du Tour de France que les informations de l’ardoisier et sa connaissance du cyclisme lui suffisent. Ensuite, il sait courir en circuit. Il ressemble un peu en cela à l’ancien champion Jean Stablinski qui savait se jouer de ses adversaires sur un circuit en écoutant les informations diffusées par les haut-parleurs. Enfin, lui qui rechignait ces dernières années à participer au Championnat du Monde, est cette année fortement motivé par cette épreuve.
Laurent Jalabert, nouveau manager de l’équipe de France, présent à Plouay, s’est déclaré satisfait de la prestation des coureurs français. Il semble que dans son esprit la liste de huit noms pour six places est toujours valable. Il a écarté Jérôme Pineau de cette liste. Trois noms se détachent : Pierrick Fedrigo, Thomas Voeckler qui se prépare avec un grand sérieux, et Sylvain Chavanel, récent vainqueur du prologue du Tour du Benelux. Pour les autres noms, il faut attendre dimanche prochain et l’émission Stade 2 pour avoir la liste complète. D’ici là, le Tour d’Espagne aura commencé … en Hollande.
Jean-Paul
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