Par Jean-Paul Brouchon
Lance Armstrong est le patron. Rien ne doit lui résister. Lui, qui a cassé la carrière de quelques coureurs (Bassons et Simoni, entre autres), l’après-carrière d’autres (LeMond en particulier), veut désormais régenter le déroulement du Tour de France. On a vu que depuis le départ de Monaco, la formation Astana était souvent en tête du peloton pour imposer sa loi - ce qui après tout est une tactique comme une autre - mais après la dernière étape des Pyrénées pendant qu’Armstrong faisait la publicité de sa fondation à la télévision française et déclarait avoir un plan pour tenter de remporter le Tour, Alberto Contador se livrait devant un petit parterre de journalistes.
Contador a ainsi révélé qu’il aurait bien voulu accélérer l’allure dans l’ascension du Col du Tourmalet afin que celle-ci ne ressemble pas à une pitoyable procession, mais qu’il en avait eu l’interdiction formelle de ses directeurs sportifs ...
Dans cette équipe Astana, le but est de conserver intactes les forces existantes pour la dernière semaine de course. En espérant, bien entendu, qu’Armstrong sera présent au rendez-vous et apte à remporter une nouvelle victoire dans le Tour.
Du coup, Contador est piégé au sein de sa propre formation. Il ne peut agir à sa guise, doit subir la loi du « patron » et attendre le bon vouloir de celui-ci et de son entourage pour agir. Johan Bruyneel n’a pas encore choisi officiellement qui doit être favorisé pour la victoire finale et il ne le fera sans doute pas de sitôt tant ses liens avec Armstrong sont forts.
Contador est un peu dans la situation de LeMond en 86 qui luttait au sein de sa propre formation avec Bernard Hinault (à la seule différence que LeMond et Hinault étaient liés avant le départ par un pacte de non-agression qui a mis du temps a voler en éclats), alors que dans la situation actuelle Contador a été mis devant le fait accompli d’abord par le retour d’Armstrong, puis par son désir de vouloir encore gagner.
Le Tour va maintenant arpenter le centre de la France, avant de se lancer dans le massif vosgien. Pas un candidat à la victoire finale n’a reconnu le parcours de l’étape Vittel-Colmar. Astana va se contenter des impressions de Bruyneel, qui a habité quelques mois la région il y a bien longtemps. C’est peu et surtout ce n’est pas faire preuve de beaucoup d’intérêt pour un massif qui a toujours joué un rôle intéressant dans l’histoire du Tour.
Il serait amusant, voire même cocasse, que Contador, conscient de ses possibilités, profite de cette étape pour enfin asseoir sa supériorité. Contador est actuellement le meilleur de tous en montagne.
Si Contador ne se délivre pas de l’emprise Armstrong, ne cherchez pas plus loin le nom du vainqueur du Tour. Ce sera Andy Schleck. Avez-vous remarqué combien les coups de pédale des Saxo Bank ont été parcimonieux depuis le départ du Tour ?
Jean-Paul
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