En attendant la grande bagarre alpine de demain et d'après-demain, le suspense reste entier sur l'issue de ce Tour 2011.
Décidément, les variations climatiques ne semblent pas affecter les coureurs norvégiens. Qu’il pleuve ou qu’il neige, qu’il fasse chaud ou froid, qu’il vente ou pas, ils sont comme des poissons dans l’eau sur ce Tour 2011. Deux participants seulement et déjà quatre victoires d’étape : deux pour Hushovd, le champion du monde, à Lourdes et Gap, et sept jours en jaune ; deux pour le jeune Boasson-Hagen, à Lisieux et Pinerolo dans le beau temps revenu. Du 200 % de réussite, et avec la manière s’il vous plaît ! On peut difficilement faire mieux.
Pour le reste, il faudra attendre encore, même si le final de cette incursion en Italie nous a offert quelques belles émotions. A commencer par deux attaques d’Alberto Contador dans la méchante petite côte de Pramartino, à douze kilomètres de l’arrivée. Deux offensives enrayées, certes, par Andy Schleck, Evans, Basso et Voeckler, le maillot jaune en personne. Mais, à défaut d’avoir pu distancer ses adversaires dans la montée, l’Espagnol les a surpris par une offensive appuyée dans la descente, très technique. Et c’est là, comme la veille, mais cette fois sur une chaussée sèche et très rapide, que le spectacle a eu lieu !
Des sorties de route en pagaille. Deux fois, sans séquelles heureusement, pour le Français Hivert, intercalé entre Boasson-Hagen, futur vainqueur, et les autres échappés du jour ; trois fois pour Voeckler, parti à la faute après avoir voulu profiter de ses qualités de descendeur pour surprendre les favoris sitôt franchi le Grand Prix de la montagne. Une prise de risques sans doute excessive de la part du leader qui allait finir dans une cour privée après avoir trouvé une ouverture inespérée dans le grillage et dû sauter un trottoir ! Et s’il y avait eu un mur à la place ?
Un sursis sur la route de Paris pour saint Thomas qui aurait pu perdre bien plus que les 27 secondes concédées finalement à ses adversaires directs. Et tous les autres que l’on n’a pas vu mais qui ont connu des moments difficiles dans cette plongée sur la bourgade piémontaise. En revanche, aucun problème pour Contador, venu reconnaître au printemps ce secteur délicat qui aurait pu se transformer, pour certains, en descente aux enfers. Une initiative qui lui a offert un avantage certain et lui a procuré un nouveau terrain de combat dans sa stratégie de reconquête, désormais bien amorcée.
Il s’en est fallu de peu que Contador ne parvienne à réussir un nouveau coup d’éclat dans cette descente sinueuse. Seul Samuel Sanchez a pu le suivre dans cet exercice perilleux et c’est flanqué de son compatriote, allié de circonstance (5ème du général), qu’il a soutenu son offensive sur les derniers six kilomètres. Même Evans, l’attaquant de la veille dans la descente de la côte de Rochette, le grand bénéficiaire de l’arrivée à Gap, n’a pu cette fois, ou n’a voulu, rester dans son sillage ! Trop risqué. Et il a fallu que l’Australien retrousse les manches avec les frères Schleck, Basso et quelques autres pour rétablir in extremis la situation en vue de la ligne d’arrivée.
Pour avoir trop tenté, Voeckler figure, hélas, parmi les battus du jour. Mais qui pourrait le lui reprocher ? C’est dommage car il a prouvé qu’il avait encore des forces et de l’énergie et qu’il ne voulait pas subir les événements comme un futur maillot jaune. Un leader toujours très concentré et qui en est à son neuvième jour de règne sans que l’on sache réellement où se situent ses limites et son seuil de résistance.
En attendant le Tour n’a toujours pas livré tous ses secrets concernant les favoris à la veille des deux grandes étapes des Alpes. Le suspense reste entier.
Bertrand Duboux
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