Formidable Thomas Voeckler. Un attaquant hors pair avec une réussite insolente au bout de ses multiples offensives.
Perpignan en 2009, Bagnères-de-Luchon en 2010, Bellegarde-sur-Valserine et Bagnères-de-Luchon encore en 2012. Sans oublier les deux fois dix jours en jaune après l’arrivée à Chartres en 2004 et à St.Flour en 2011 ! Ce qui interpelle cette année, c’est le fait qu’il ait triomphé à chaque fois au lendemain d’une journée de repos sans sortie à vélo, au contraire de la grande majorité des coureurs. Une attitude qui accentue encore la différence entre lui et eux. Un Voeckler unique, bien dans sa tête et dans sa peau, qui trace sa route sans se soucier des autres et du qu’en dira-t-on. Comme le faisait jadis Roger Pingeon, le vainqueur du Tour de France 1967.
Voeckler-Pingeon, même attitude, même combat ? Il y a de la similitude entre les deux coureurs. Un tempérament d’attaquant, le respect du métier, le sens de la course, la gestion parfaite des situations, et surtout les journées de repos SANS vélo sur le Tour ! A ses débuts, en 1965, Pingeon avait les jambes lourdes (les « grosses cuisses ») en reprenant la route au lendemain d’une interruption. En 66 idem, puis en 67 il avait failli perdre son maillot jaune, attaqué par Jimenez et obligé de jouer fin pour ne pas révéler sa faiblesse momentanée à ses adversaires. Après s’être trituré les méninges, il avait finalement trouvé la solution en s’inspirant des conseils de Leoni, le masseur du grand Coppi. Il avait alors inventé la « méthode Pingeon », comme il l’explique dans l’ouvrage que nous lui avons consacré « Roger Pingeon, un maillot jaune qui a soif de vérité »
Pingeon expérimenta « sa » méthode pour la première fois en 1968. Au lendemain du repos à Font Romeu, il mena une échappée solitaire de 200 kilomètres et gagna à Albi avec trois minutes d’avance ! En 1969, il remporta la Vuelta au printemps, puis dut disputer le Dauphiné contre sa volonté et termina tout de même 2ème du Tour derrière le grand Merckx, mais devant Poulidor et Gimondi. Le parcours comptait 4117 kilomètres et 22 étapes, mais aucune journée de repos cette année-là, à son grand désespoir !
Bertrand Duboux
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