A écouter le commentateur de France Télévisions, à la fin du Critérium du Dauphiné, Chris Froome aurait déjà gagné le Tour de France. Comme en 2013. Pas besoin de chercher plus loin le vainqueur de cette année après ses démonstrations sur les pentes du Bettex et de Val Fréjus.
Reste à savoir qui sera son adversaire principal ? Contador ? Nibali ? Quintana ? Ou les quatre ensemble ? Tous ont des atouts pour faire partie des favoris. Les résultats de la saison parlent en leur faveur même si Nibali n’a plus rien gagné depuis son sacre de l’an dernier. L’Italien monte en pression en prévision du rendez-vous d’Utrecht et il sait qu’il faudra être encore et surtout capable de faire la différence la dernière semaine avec trois grosses étapes de montagne et arrivées à Pra-Loup (17ème), La Toussuire (19ème) et l’Alpe d’Huez (20ème), à la veille des Champs Elysées.
Avec quatre favoris désignés, le Tour de France 2015 ne pouvait rêver d’une meilleure promotion. Mais abondance de biens n’est pas forcément gage de succès car le marquage peut sévir et bloquer la course en favorisant l’avènement d’un outsider. On l’a vu en 1956 avec Walkowiak, en 1965 avec le jeune Gimondi, en 1966 avec Aimar, en 1967 avec Pingeon, en 1976 avec Van Impe notamment. A qui le tour cette fois ?
Avec Van Garderen, Valverde, Rodriguez, Rui Costa, Talansky, Mollema, Pinot et Bardet l’opposition a belle allure et des atouts à faire valoir. Elle peut surtout profiter cette année d’une situation unique et inespérée qui résume l’exercice individuel du contre la montre, pour l’ensemble des trois semaines, à 14 kilomètres le premier jour ! Un cadeau fait aux grimpeurs et notamment à Bardet et Pinot qui ont confirmé, le premier sur les routes du Dauphiné (vainqueur à Pra Loup), le second au Tour de Romandie (succès à Champex-Lac) et au Tour de Suisse (vainqueur sur les hauteurs de Sölden, à 2650 m d’altitude), qu’ils tenaient la forme et étaient à l’aise dans les ascensions. A eux d’en profiter le jour où la bande des quatre sera empêtrée dans son marquage.
Car entre Froome, Contador, Nibali et Quintana, qui va vouloir prendre l’initiative ? Avec six arrivées en altitude, le Tour 2015 semble promis à l’un d’entre eux. Mais quelle attitude adopter ? Attaquer, au risque de se faire contrer, ou attendre que l’un ou l’autre montre un signe de faiblesse en regrettant de ne pas avoir su prendre l’initiative plus tôt ? Un pari cornélien qui pourrait engendrer une course figée et tuer le spectacle. A moins qu’un outsider trouve le moment juste pour faire sauter le verrou à titre personnel, ou parvienne un jour ou l’autre à se glisser dans un bon coup et à s’offrir, comme en 1990 Bauer, Maassen, Pensec et Chiappucci, un avantage en temps suffisamment important pour se permettre de rêver à l’impossible exploit.
Ce Tour 2015, c’est la grande chance de Pinot et Bardet, tous deux déjà bien en vue l’an passé et qui doivent se montrer opportunistes et entreprenants, ne pas faire leur course uniquement sur les quatre favoris. Les deux jeunes et talentueux Français ont pris de la caisse, de l’expérience, de la maturité et leurs récents succès ont renforcé leur confiance. Ce sont eux désormais les chefs de file de la nouvelle génération et la France entière les attend au rendez-vous. Peut-être pas encore pour succéder à Hinault mais au moins pour être sur le poidium. On parie ?
Bertrand Duboux
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