Comme prévu, il n’y a eu personne pour empêcher Bradley Wiggins d’être sacré champion olympique du contre-la-montre dix jours après sa victoire dans le Tour de France.
Grâce à lui, le cyclisme britannique trône désormais au sommet de l’Olympe et beaucoup, de l’autre côté du Channel, peuvent lui dire merci d’avoir ainsi montré aux sports de Sa Gracieuse Majesté la voie du succès aux JO de Londres.
Après ses performances à Besançon et à Chartres, c’était écrit, et la logique a été respectée. Wiggins est bien actuellement le meilleur spécialiste au monde de l’effort solitaire. Seul Tony Martin a contesté sa supériorité au début, le temps d’un premier pointage. Mais l’Allemand, pénalisé par ses chutes et son abandon au Tour, a ensuite dû céder devant la machine à rouler qu’est Wiggins. Ni son coéquipier Froome, un peu diminué, ni le Suisse Cancellara, handicapé par sa chute lors de l’épreuve en ligne quatre jours auparavant, n’ont pu rivaliser avec l’Anglais qui récolte une quatrième médaille d’or après celles sur piste aux JO d’Athènes et de Pékin (poursuite individuelle et par équipes).
Et maintenant, quel sera son prochain défi ? Le record du monde de l’heure ? Formé à l’école de la piste,il aurait sans doute les qualités indispensables pour s’y attaquer et être le premier à lui faire franchir le « mur » des 50 kilomètres avec un vélo conventionnel. En 1972, à Mexico, en plein air, Merckx avait réussi 49km431 à l’issue d’une saison extrêmement riche et chargée. Puis, il a fallu compter avec les extravagantes performances des Moser (50,808 et 51,151 en 1984), O’Bree, Boardman, Indurain, Rominger et de nouveau Boardman (56,375 le 6/9/1996 à Manchester) réalisées avec des engins à géométrie variable et dans des conditions douteuses (sans parler de la position) qui ont discrédité toutes les tentatives de la période moderne.
Face à une telle dérive, l’UCI a finalement effacé en 2000 toutes les marques après Merckx et imposé les nouvelles caractéristiques du vélo. Seuls l’Anglais Boardman (49,441 km en octobre 2000 à Manchester) et le Tchèque Sosenka (49,700 en 2005 à Moscou dans l’indifférence générale) ont réussi à faire progresser la marque établie par l’extraordinaire
champion belge.
Depuis lors, plus personne ne s’est porté volontaire ( !). Trop éprouvant, trop risqué pour la réputation et trop contraignant au niveau de la préparation. Et l’on est toujours au-dessous de la fameuse barre des 50 kilomètres parcouru en une heure avec développement fixe. Une barre-étalon, un peu mythique comme le 100 m en athlétisme, que le fameux Henri Desgrange, le premier, avait fixée à 44,247 km en 1893 à Paris. Cela fera exactement cent vingt ans en 2013. Et après les Coppi, Anquetil, Rivière, Ritter, on ne voit pas qui mieux que Wiggins à l’heure actuelle, est susceptible de s’y attaquer avec une chance de succès. A condition de s’y préparer minutieusement, comme savent si bien le faire les pistards britanniques. Et pour ce qui concerne sa propre légende, ce serait le bouquet !
A moins que Cancellara, très intéressé depuis plusieurs saisons, ne relève le défi avant lui et ne soit le premier à réussir l’exploit. En 2013 ?
Bertrand Duboux
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.