Je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer, s’en féliciter ou le déplorer, mais Vinokourov champion olympique à 38 ans, ce n’est pas forcément le vainqueur qu’on attendait, ni celui qu’on espérait pour l’image du vélo !
Souvenez-vous : Vino viré du Tour de France 2007 pour dopage à la transfusion de sang, deux ans de suspension, un pestiféré. Et l’an dernier, alors qu’il tente un retour au premier plan, un abandon sur chute avec fracture du fémur. Beaucoup de déboires pour le vétéran kazakh au passé sulfureux qui trône désormais au sommet de l’Olympe après avoir reçu sa médaille d’or comme un cadeau du ciel de la part du Colombien Uran !
On eut souhaité mieux pour la crédibilité du sport cycliste. On parle de renouveau, de l’arrivée d’une nouvelle génération, plus saine, plus intègre et voilà que le vélo pédale en arrière. Certes, Vinokourov a payé sa dette et il a eu le mérite de réagir au bon moment, de prendre la bonne roue, mais Uran peut retourner quand il veut à l’école de cyclisme de son village. On a rarement vu une bourde pareille à ce niveau de la compétition : un regard à gauche, en arrière, au moment d’engager le sprint, sa trajectoire qui dévie et Vino, en vieux briscard, qui l’attaque sur la droite, de l’autre côté de la chaussée. Et Uran qui met deux secondes pour réagir… Comme s’il avait voulu offrir la victoire à son adversaire qui quitte la carrière sur un sacre inespéré.
Quelle course bizarre ! Une course de dupes, en fait. Cancellara, en bonne compagnie et magnifiquement placé pour l’emporter à dix kilomètres de la ligne, qui chute comme un débutant dans un virage anodin. Adieu ses illusions ! Médaille d’or envolée et probablement aussi celle du contre-la-montre à cause d’une forte contusion à l’épaule. Et les Britanniques ? Abusés comme des cadets et incapables de « récupérer » à leur avantage, et surtout à celui de Cavendish, une situation qui les a obligés à être en poursuite du départ à l’arrivée !
Une journée catastrophique pour les Sky, dont on a loué la force collective durant trois semaines au service de Wiggins. Impressionnants. Trop ? A cinq coureurs par équipe, il est moins facile de contrôler les mouvements offensifs et c’est peut-être par le biais d’un telle formule que le Tour de France retrouverait le côté spectaculaire qu’il a perdu. Les British
n’avaient pas de plan B et c’est ce qui les a coulés. Tactiquement, ils peuvent revoir leur copie quand ils veulent. On l’avait déjà remarqué lors du dernier Paris-Roubaix où Boonen, tout seul, les avait mis en échec dans le final à cinquante kilomètres du vélodrome. Comme quoi l’union fait la force, certes, mais la tête et les jambes, c’est aussi
l’une des plus belles définitions du sport cycliste. Tant pis pour Cavendish, et tant mieux pour Vinokourov !
Bertrand Duboux
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