On sent monter le ras le bol des coureurs après le spectaculaire accident provoqué par la voiture technique de France Télévisions qui a joué aux quilles avec Flecha et van Hoogerland sur la route de Saint-Flour.
Un vrai miracle après ce passage en force qui a envoyé deux des cinq échappés du jour dans le décor et qui a fait réagir vivement Christian Prudhomme. Normal. Le cyclisme est déjà un sport suffisamment dangereux pour que l’irresponsabilité de certains suiveurs n’ajoute pas aux risques pris par les coureurs, déjà excédés par de trop nombreuses chutes.
La présence des véhicules accrédités à proximité du peloton est un ballet quotidien qui impressionne les néophytes du Tour. A l’époque, d’ailleurs, devant l’augmentation constante du nombre de médias, l’organisation avait demandé à l’Association des journalistes du cyclisme (AIJC) de réduire le nombre de véhicules de ses envoyés spéciaux, avant de les repousser à l’avant, loin du théâtre des opérations, puis de les diriger sur des parcours de délestage. Pour préserver la sécurité des coureurs et soulager l’itinéraire de la course. Mais certaines voitures de télévision ainsi que celles des d’invités et des VIP sont toujours là, remplies de ministres, comédiens, artistes, PDG, politiciens et compagnie, de plus en plus nombreux. C’est la rançon du succès. Désormais le Tour de France est l’événement où il est bon de se faire voir ...
Comme l’avait été Jean-Marie Leblanc avant lui, Christian Prudhomme est désormais confronté à cette évolution inquiétante et regrettable. Car ceux qui paient, les sponsors, les partenaires exigent dorénavant une présence accrue dans la course. Que faire ? Et les conducteurs qui dépassent respectent-ils toujours suffisamment les coureurs ? La plupart sont d’anciens professionnels, plutôt bons conducteurs et qui connaissent, certes, le mileu et ses règles. Mais on sait très bien qu’il est parfois aussi facile de se laisser aller à vouloir impressionner ses passagers, certains de grande notoriété. Et les autres ? Les occasionnels ? Il semble de plus en plus évident qu’ils doivent être des familiers des épreuves cyclistes et du milieu, et ne pas débarquer la veille du prologue, ou même en cours d’épreuve, sans aucune référence, sans examen préalable, sans fournir aucune garantie de conduite adaptée à l’événement.
Il y a trop de monde, trop de véhicules de toutes sortes, trop de motos, de trafic et de promiscuité dans l’environ immédiat du peloton et des coureurs. Ceux-ci le vivent de plus en plus mal car ils ont peur pour leur intégrité physique et ils ont le sentiment de ne plus être les acteurs principaux de la pièce. Un comble. Surtout lorsqu’une échappée est partie et que son avance est suffisamment importante pour que le régulateur autorise le passage des suiveurs. Une décision finalement lourde de responsabilités lorsque l’on voit comment certains l’utilisent…
Bertrand Duboux
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