Théoriquement, Alberto Contador devrait être fixé sur son sort quant à la poursuite de sa carrière. L’Union Cycliste Internationale a transmis son dossier à la Fédération espagnole qui doit maintenant statuer sur son cas. La Fédération concernée avait un mois pour faire connaître sa décision. Comme d’habitude, elle a fait savoir qu’il lui fallait au moins deux à trois mois pour prendre une décision, le temps de traduire en espagnol l’imposant dossier (60 pages) rédigé dans sa presque totalité en anglais.
Contador, qui espère toujours obtenir une décision favorable avant la fin de l’année, doit donc prendre son mal en patience. Le verdict ne sera sûrement pas rendu avant un ou deux mois. Et d’ici là les experts auront tout le temps de tergiverser, de biaiser voire même de composer avec les événements.
Actuellement la situation est la suivante :
Contador a comparu devant la commission espagnole de sa Fédération qui a ouvert une procédure disciplinaire à son encontre. Contador, soutenu par ses avocats, dont le suisse Rocco Taminelli, (celui qui a fait blanchir Pellizotti) maintient sa version de la contamination alimentaire. C’est ainsi que l’on apprend que la viande incriminée avait bien été achetée en Espagne mais qu’elle pouvait très bien provenir d’Amérique Latine, gros pourvoyeur de viande à destination de l’Espagne. Les règles de l’élevage sont les mêmes en Europe et en Amérique Latine mais il peut y avoir des filous qui passent à travers les mailles du filet. L’affaire Contador a donc un volet politique puisque les éleveurs d’Amérique Latine ont protesté avec énergie auprès du gouvernement espagnol qui a entamé une enquête. Les éleveurs espagnols se sont eux aussi manifesté auprès du gouvernement espagnol et ont accusé Contador de vouloir détruire leur métier et de provoquer la mise au chômage de 260 000 d’entre eux.
Deuxième volet de l’affaire. Les avocats de Contador souhaitent mettre en avant le cas Richard Gasquet, contrôlé positif à la cocaïne et qui ayant pu faire la preuve que ce produit, provenait d’un baiser sans doute fort appuyé avec une gourgandine, n’a été suspendu que deux mois et demi alors que la Fédération Internationale de tennis avait réclamé deux ans de suspension.
Troisième et dernier volet pour le moment. Le secrétaire d’Etat espagnol aux Sports, Jaime Lissavetski, vient d’être réélu au comité exécutif de l’Agence Mondiale Antidopage (ce qui permet de douter des pratiques de cet organisme). Dans le même temps, ce personnage réaffirme que dans son pays seul le cyclisme pose des problèmes. Pas de chance. Quelques jours plus tard, dans le cadre de l’opération Galco, six personnes ont été inculpées dont le fameux docteur Eufemanio Fuentes à l’origine de l’affaire Puerto tandis que le juge Serrano est sur le point nous dit-on de détruire toutes les pièces en sa possession sur l’affaire Puerto. C’est donc la preuve que sur le plan du dopage, l’Espagne, malgré les propos rassurants de Lissavetski, n’est pas exempte de tout soupçon et traîne les pieds avec volonté pour épargner ses athlètes.
Contador, gracié ou pas dans cette conjoncture et même avec le soutien de Bjarn Rijs, son nouveau manager, aura bien du mal à véhiculer une autre image de marque que celle qui actuellement lui colle à la peau.
Jean-Paul
P.S : certains se sont étonnés de la raréfaction d’interventions de ma part sur ce blog. Il y a à cela trois raisons :
1) L’actualité du cyclisme sur route est actuellement en sommeil (c’est la trêve)?
2) Les coureurs sont actuellement en stage. Il s’agit pour tous de faire connaissance avec leurs nouveaux équipiers, de faire les photos de groupe et individuelle pour le dossier de presse et de décider du programme de chacun. C’est plus de l’intendance que du sport.
3) Il arrive parfois que de graves ennuis de santé contraignent à observer à une période de repos.
Merci de votre compréhension.
J.P.B.
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