Pour
la première fois sans doute dans l’histoire de l’épreuve, les quatre premiers
du classement général final du récent Tour de France vont ou sont sur le point
de changer de formation.
Alberto
Contador rejoint Bjarn Rijs en lieu et place des frères Schleck dont on ne
connaît pas encore la destination finale. Denis Menchov est en pourparlers avec
Katusha tandis que Samuel Sanchez et Astana sont en discussion.
Le départ de Contador d’Astana est surprenant. Certes, le bloc s’est fissuré au soir de l’étape du Tourmalet du Tour. On a vu alors les coureurs espagnols se rapprocher de façon inédite du futur vainqueur du Tour. C’est sans doute ce soir-là que le bruit du départ de Contador est devenu persistant. C’est peut-être la raison du contre la montre raté entre Bordeaux et Pauillac attribué par l’espagnol à une mauvaise nuit ...
Au soir de sa troisième victoire, Contador est fêté par
son encadrement, ses dirigeants et les coureurs de l’équipe. Chacun y va de son
message de remerciements et d’autosatisfaction. Alexandre Vinokourov, toujours à
la pointe de l’information, pose publiquement à Contador la question suivante :
« Seras-tu avec nous l’an prochain ? » ce à quoi Contador sans hésiter
répond « Bien sûr et je l’espère pour longtemps encore ». Trois jours
plus tard, l’entourage de l’espagnol publie un communiqué pour indiquer le départ
de Contador de la formation Astana. Fureur des dirigeants kazakh qui avaient dès
le printemps dernier formulé auprès de l’espagnol leurs souhaits pour les années
à venir mais n’ont jamais reçu de réponse. Normal, en cas de troisième victoire
sur le Tour, Contador augmentait sa valeur marchande.
Bjarn
Rijs, certain de ne plus collaborer avec les frères Schleck l’an prochain, n’a
pas perdu son temps durant le Tour. Habile négociateur, il a obtenu le
prolongement pour un an de Saxo Bank, le doublement du partenariat Sungard et
surtout la prise en charge du salaire de Contador par la marque de cycles
Specialized ( un salaire doublé par rapport à l’an dernier ). Bien évidemment,
Contador rejoint Rijs accompagné de quelques coureurs qui étaient avec lui chez
Astana. Les noms ne sont pas encore connus.
Les
regards se portent alors sur Astana. Saignée l’an dernier avec les départs d’Armstrong
et ses comparses vers RadioShack, Astana est de nouveau saignée cette année.
Elle est entrée en contact avec Samuel Sanchez qui souhaite changer d’horizon
après dix ans chez Euskaltel. Par aileurs, Specialized qui équipait cette année
Saxo Bank et Astana limitera son effort l’an prochain à la seule formation
danoise.
Et
la famille Schleck dans ce jeu de chaises musicales ? Pour le moment rien
de nouveau. La structure luxembourgeoise qui devait être mise sur pied par un
homme d’affaire luxembourgeois d’origine italienne, Flavio Beccia, n’est
toujours pas sortie de terre. On y annonce pourtant les frères Feillu, mortifiés
de ne pas avoir participé au Tour cette année, l’allemand Gerdemann et trois
anciens coureurs de Saxo Bank O’Grady, Voigt et Fuglsang. Si d’aventure cette
structure ne se montait pas, les frères Schleck auraient alors la possibilité
de se tourner vers RadioShack qui a besoin de se rajeunir et dont Lance
Armstrong souhaite la venue.
Enfin
reste le cas Denis Menchov. Ce dernier a présenté à ses employeurs une nouvelle
grille de salaire le concernant. Refus total de Rabobank qui comme toutes les
banques européennes n’est pas décidé à casser sa tirelire. Menchov doit donc
partir. Katusha espère finaliser prochainement sa venue dans l’équipe russe.
Je
n’ai évoqué que les gros salaires et les grosses écuries. Je n’oublie pas ceux
qui ont du mal à trouver des partenaires. En France, on attend toujours le nom
du ou des repreneurs de la formation Bbox. En Espagne, la Caisse d’Epargne
peine à se structurer à nouveau et sans doute devra revoir ses ambitions à la
baisse. Il en est de même pour Euskaltel.
BMC
cherche à se renforcer pour présenter aux côtés du champion du monde Cadel
Evans une équipe digne du renom de son leader qui ne tardera pas à arrêter sa
carrière.
Il
n’est pas du tout certain que toutes les équipes actuelles du Pro-Tour soient
encore dans cette catégorie l’an prochain. La crise économique sévit aussi dans
le cyclisme et les équipes françaises attendent toujours de savoir quelles
seront les nouvelles règles de participation au Tour afin de mettre au point
leur stratégie future.
La
saison des transferts n’est pas encore officiellement ouverte, la saison n’est
pas encore terminée mais déjà les dirigeants des équipes oeuvrent pour l’avenir
qui ne s’annonce pas forcément serein pour tout le monde.
En effet, très étonnant tout ce jeu de chaises musicales ! Les dirigeants d'Astana doivent être déçus, à commencer par Vinokourov, et aussi le manager français Yvon Sanquer. Il est vraiment loin le temps où les coureurs restaient (quasiment toute leur carrière) dans la même équipe (ex Poulidor, Duclos-Lasalle, Thévenet..). Autres temps, autres moeurs; mais je ne suis pas certain qu'ils y gagnent à long terme.
Rédigé par : BH78 | 26 août 2010 à 21:10