Alberto
Contador et Andy Schleck n’ont pu se départager au sommet du Tourmalet. Ils
restent toujours séparés par un écart de huit secondes mais ils ont montré au
cours de cette étape qu’ils étaient, et de loin, les deux meilleurs coureurs du
Tour.
Disputé sous un ciel menaçant, parfois sous le pluie et dans la brume en
altitude le duel tant attendu Contador-Schleck a bien eu lieu mais il n’a pas
livré de verdict. Les deux hommes sont pratiquement au même niveau en montagne.
Schleck gagne l’étape, Contador n’ayant pas voulu disputer le sprint final ...
Pour
ces deux-là, la course après un tempo mis au point par les équipiers de l’espagnol,
a commencé à 10 kilomètres de l’arrivée. Schleck place un de ses démarrages
dont il a le secret. Contador qui depuis le début de l’ascension ne quitte pas
la roue du luxembourgeois le suit sans peine. Schleck et Contador s’isolent
rapidement. Leurs plus sérieux rivaux n’ont alors même plus le rôle de
faire-valoir. Ils sont beaucoup trop forts ( les écarts à l’arrivée le démontrent
avec aisance ). Schleck avec Contador poursuivent leur progression vers le
sommet du col. Au passage, ils doublent les échappés de la première heure et
dans la brume, au milieu d’une foule enthousiaste et nombreuse grimpent sans
donner l’impression de forcer. Pas une grimace de douleur ne trouble leur
visage, pas un geste de lassitude ne les effleure. Et pourtant, ils souffrent.
Ils ont mal aux jambes. Mais dans cette conjoncture, il ne faut surtout pas que
l’adversaire se rende compte de quelque chose. Leur course est tout autant
physique que psychologique.
A
quatre kilomètres de l’arrivée, Contador place un démarrage. Il prend quatre à
cinq mètres à son rival lequel revient à sa hauteur et lui lance un regard d’acier,
un regard de tueur. Schleck ne veut pas perdre. Contador non plus. Schleck
reprend la direction des opérations avec Contador dans la roue. Les deux
coureurs continuent leur duel. Que l’un se mette en danseuse pour ralentir le
rythme cardiaque, l’autre se rassied immédiatement sur sa selle pour montrer qu’il
n’a pas besoin de tels artifices. L’arrivée approche. La foule est de plus en
plus dense. Elle se rend compte qu’elle assiste à un grand spectacle, à un
exploit auquel il importe de pouvoir dire plus tard « J’y étais ».
Cette foule devient indisciplinée. Non seulement elle accompagne les coureurs
en courant à côté d’eux mais encore elle déploie des trésors dans l’accoutrement.
On dirait une réunion du déguisement le plus grotesque. Les deux coureurs n’ont
pas un regard pour cette foule qui crie, vocifère, hurle ses encouragements.
Voici la flamme rouge. Schleck mène toujours les débats. Contador ne bouge pas
de sa roue. La brume devient de plus en plus épaisse. Ils émergent de celle-ci
dans un halo de faible lumière fourni par les voitures suiveuses. Schleck passe
la ligne le premier. Il n’y a pas eu de sprint.
Sitôt
la ligne d’arrivée franchie, Schleck passe son bras droit sur les épaules de
Contador puis à peine descendus de leur machine ils se donnent une longue
accolade. Les deux hommes se respectent, on le sait. Ils offrent ainsi aux
milliards de téléspectateurs une image saine de leur rivalité et du sport
cycliste. Lorsque vient le temps des interviewes on ressent dans leurs propos
la même attitude respectueuse. L’un et l’autre reconnaissent sans difficulté qu’ils
sont les deux meilleurs de la course et que l’épisode final de leur duel se déroulera
samedi lors du contre la montre de Bordeaux-Pauillac.
Schleck
sait alors qu’il a sans doute perdu le Tour car il sait et il le dit que
Contador est meilleur que lui dans les épreuves chronométrées même s’il a
travaillé ce secteur du cyclisme durant l’hiver.
Contador
sait aussi qu’il est sur le point de remporter son troisième Tour de France. Toujours
par respect vis-à-vis de Schleck, il précise toutefois qu’il devra samedi s’employer
sans compter car le luxembourgeois est un rude adversaire. Vraiment au sommet
du Tourmalet, devant le buste de Jacques Goddet, nos deux hommes après avoir
donné un brillant spectacle ont fait preuve de chevalerie. C’est sans doute en
raison de cette attitude que le Tour est sur le point de battre des records d’audience
et d’affluence malgré l’absence d’un coureur français dans les premières places
du classement général.
Non
loin de là, au pied du podium, Anthony Charteau recherche le moyen de rentrer
le plus vite à son hôtel. Il a tant envie de partager une coupe de champagne
avec ses équipiers car le voici maintenant meilleur grimpeur de ce Tour. Son
avance au classement est telle qu’il ne peut plus être rejoint. Il sera donc
dimanche sur le podium des Champs-Elysées.
Ca ressemble au TDF 1989 (Fignon/Lemond) à l'envers !
8" d'écart entre les 2 premiers au départ du dernier clm; l'écart se transformera-t-il en 50" au bénéfice d'AC à l'issue du chrono ?
Je pense qu'il sera plus conséquent encore.
Rédigé par : BH78 | 22 juillet 2010 à 23:02