Le
Giro 2010 vient de se terminer à Vérone. Yvan Basso en est le vainqueur.
Beaucoup plus que la victoire de ce repenti est significative la tenue générale de l’épreuve.
Disons-le tout
net, cette édition fut sans doute
la plus passionnante de tous les grands tours organisés depuis une décennie. Là
ou des coureurs ont volontairement bloqué la course (Armstrong l’an dernier
dans le Tour par exemple) l’offensive a été la caractéristique du Giro 2010.
Le parcours concocté par Angelo Zomegnan (un ancien journaliste) et son équipe
se prêtait merveilleusement à cette caractéristique. La Hollande tout d’abord avec
sa foule si enthousiaste et son vent puis cette belle exploitation de la Chaîne
des Apennins, l’épine dorsale de la Péninsule italienne, avant une somptueuse
dernière semaine dans les Dolomites avec l’ante-pénultième jour et l’avant-dernier
jour l’escalade de ces cols aussi mythiques, aussi majestueux qu’imposants que
sont le Mortirolo et le Gavia. Ah ! ce Gavia entre deux murs de neige fraîche,
quel régal pour les yeux et le cyclisme de haut niveau. Et pour clore en beauté
cette arrivée dans les Arènes de Vérone, érigées pour le spectacle il y a 2000
ans et consacrées maintenant à l’art lyrique.
Certes,
le mauvais temps a donné à ce Giro un aspect inhabituel multipliant les
difficultés mais c’est justement dans la difficulté que le sport cycliste sort
grandi.
De
plus, les Italiens ne sont pas battus entre eux comme d’habitude. Les étrangers
en se mêlant à la lutte ont accentué le suspense et haussé la qualité de l’épreuve.
Yvan
Basso a gagné. Je n’oublie pas que c’est un coureur repenti interdit de Tour de
France pour son implication dans l’affaire Puerto mais il a purgé ses deux années
de suspension et comme tout repenti, il a droit à une nouvelle vie. Basso
assure lui-même que tout ceci est du passé. Il a collaboré avec les autorités
de son pays et veut prouver qu’il est maintenant un vrai coureur. Il entend
maintenant se tourner vers le Tour de France et après quelques jours de repos
ira reconnaître les étapes de haute montagne de notre pays avant d’affronter
Alberto Contador. Il sera rejoint alors par Kreuziger et peut-être par Nibali (
remarquable troisième ). Sa formation sera l’une des équipes de pointe du
prochain Tour.
Le
problème de la récupération va se poser car ce Giro fut dur. Dans le passé récent,
rares sont ceux qui ont pu enchaîner un difficile Giro avec le tour mais il reste
encore un mois pour refaire la provision de forces. Cofidis par exemple,
cherche la bonne solution pour David Moncoutié. L’aligner dans le Dauphiné avec
une quête de la victoire finale en l’exemptant de Tour ou le présenter au départ
du Tour. C’est un problème difficile à régler.
Et
les coureurs français dans ce contexte ? A leur niveau, ils ont tenu leur
rang. Jérome Pineau et Damien Monier ( completement inconnu du grand public )
ont remporté chacun une étape. Le suisse Johan Tschopp de l’équipe Bbox
remporte la plus belle étape, celle du Gavia et ouvre ainsi un palmarès qui ne
demande qu’à grandir. Thomas Voeckler réalise son meilleur Giro et est prêt
pour le Tour. Mais la grande satisfaction vient de John Gadret qui s’est peut-être
étonné lui-même. A son sujet, j’ai presque envie de dire « Enfin ».
Il y a bien longtemps qu’on sait que ce coureur est à l’aise en montagne mais
il tardait à le démontrer. Il a souvent accompagné les meilleurs dès que la
route s’est élevée et sans doute qu’avec un statut de leader il aurait pu
encore faire mieux. Dommage qu’il n’ait pu participer à l’échappée-fleuve de l’Aquila
car son classement final aurait été bien meilleur. Les cols italiens, longs et
hauts en altitude lui vont à merveille. C’est une qualité à développer pour l’année
prochaine.
Je reviens dans la semaine sur les
perspectives en vue du Tour données par ce Giro d’exception juste avant le
Dauphiné et le Tour de Suisse qui vont dérouler leurs fastes dans quelques
jours. A très bientôt donc.
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