Par Jean-Paul Brouchon
Obtenir le maillot jaune dans le Tour de France est une chose, savoir le conserver en est une autre. Depuis que le prologue existe dans cette épreuve, la même question se pose : le premier titulaire de ce précieux emblème doit-il tout faire pour le conserver avec l’aide de son équipe ?
Sur la route de Monaco à Brignoles, les Saxo Bank de Fabien Cancellara ont donné avec éclat une réponse à cette question. Dès que la seule échappée du jour s’est formée, en début d’étape, les équipiers du Suisse ont constamment roulé en tête du peloton et assuré le tempo idéal démontrant ainsi leur volonté de conserver le plus longtemps possible la première place du classement général. Cette attitude était dictée par le fait que les quatre échappés, les français Cyril Dessel et Stéphane Augé, le finlandais Veikkanen (nouveau porteur du maillot à pois des grimpeurs) et le hollandais Stef Clement, ne sont pas des concurrents dangereux pour le classement final. Jamais les Saxo Bank ne leur ont laissé une issue positive à leur offensive puisque l’écart maximum avec le peloton n’a jamais dépassé les cinq minutes. Ce n’est qu’à 40 km de l’arrivée, comme il est de coutume dans le cyclisme moderne, que le peloton a haussé le ton avec, bien entendu, les Saxo Bank relayés aux abords de l’arrivée par les équipes des routiers-sprinters ...
Mark Cavendish, le coureur le plus rapide du monde lors des sprints massifs s’impose avec facilité à Brignoles et remporte une victoire d’étape qui sera suivie de quelques autres.
Cancellara reste donc maillot jaune. C’était le but recherché, mais on est en droit de se poser la question suivante : en faisant rouler dès le début du Tour les équipiers de Cancellara, Bjarn Rijs le directeur sportif, n’a-t-il pas joué avec le feu en entamant déjà le capital fraîcheur de ses troupes, alors que la dernière semaine du Tour s’annonce redoutable, et que son leader Andy Schleck aura alors besoin de beaucoup de soutien ? Ma réponse est non. Si les Saxo Bank avaient laissé faire, l’échappée aurait pu se développer au point de prendre un quart d’heure et l’on aurait ce soir un classement général bloqué jusqu’aux Pyrénées avec quatre coureurs devançant les autres d’une confortable avance. Alors que, dans le cas présent, le classement général reste inchangé et toutes les hypothèses d’école sont applicables, notamment pour la prochaine étape de Marseille à La Grande Motte.
Cette étape a montré également un bien curieux manège de la formation Astana de Lance Armstrong. En règle générale en fin de parcours lorsque l’allure est très rapide, les leaders sont protégés par des équipiers dont c’est le rôle pour intervenir rapidement en cas d’incident. Chez Astana, on a vite choisi. Contador, deuxième du général et grand favori du Tour n’est protégé que par son compatriote Zubeldia et le portugais Paulhino alors que le reste de l’équipe protège Armstrong. On attend de voir quelle sera l’attitude de cette équipe lors du contre la montre de Montpellier.
Jean-Paul Brouchon
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