Rien. Rien. Rien. Pas une attaque. Pas la moindre offensive. Pas même un haussement de ton. Les adversaires de la formation Astana, comme les moutons de Panurge, sont restés groupés, tous ensemble. Une vraie masse grégaire. Du coup Nocentini est toujours maillot jaune et devient une vedette en Italie, car, désormais, il porte la précieuse tunique depuis plus longtemps que Pantani.
Et pourtant, le massif vosgien n’est pas n’importe quel massif. Son col de Platzerwasel est un col rude, exigeant au pourcentage, redoutable à l’approche du sommet, mais cela ne suffit pas à ces messieurs qui, délibérément, ont adopté la course d’attente. Jusqu’à quand ? Eux seuls le savent et encore ...
Manifestement, on attend l’entrée dans les Alpes, mais en attendant on s’ennuie ferme sur ce Tour.
On s’ennuie et on se demande quelles sont les véritables motivations des frères Schleck et compagnie. Armstrong a perdu sur chute Leivi Leipheimer, son plus fidèle ami, son plus fidèle équipier et personne ne vient tenter de le déstabiliser.
Ses adversaires semblent obéir à une tactique d’attente, néfaste à l’intérêt du Tour. Les directeurs sportifs des équipes concernées avaient promis du spectacle. On ne doit pas avoir la même notion du spectacle. Sans doute sont-ils plus concernés par ce puéril débat sur les oreillettes ? Ils se disent professionnels. Ah bon ! Qu'is le prouvent...
Heureusement, il y des coureurs avec du cœur au ventre, tel cet allemand Heinrich Haussler, équipier du Team Cervelo, vainqueur de l’étape du jour en solitaire, après avoir fait partie de l’échappée initiale. Haussler, surtout connu pour sa pointe de vitesse, est un sprinter qui passe bien les bosses. Il est jeune (24 ans) et fait partie de cette nouvelle génération qui n’a peur de rien. Il en fallait du culot pour vaincre les difficultés du parcours et le brusque rafraîchissement de la température. Haussler s’est retrouvé seul à 60 kilomètres de l’arrivée, Sylvain Chavanel étant pris dans une incompréhensible « panne de cuisses », et a poursuivi son effort sans se poser de questions pour aller quérir à Colmar la plus belle victoire de sa carrière pour sa première participation au Tour.
Cette victoire allemande va peut-être adoucir les rapports très tendus entre le cyclisme et la télévision allemande. Ulcérée, découragée par les affaires de dopage, cette télévision publique ne diffuse le cyclisme qu’avec parcimonie. Haussler vainqueur du jour, Gerdemann qui s’affirme, c’est peut-être un encouragement pour la télévision allemande de renouer avec le cyclisme.
Heureusement encore il y a Brice Feillu (Agritubel), le vainqueur de l’étape d’Arcalis, qui, lui aussi, après maints démarrages prend la troisième place de l’étape et devient, à la vingtième place, le premier français du classement général. Assurément Brice Feillu est la révélation française du Tour.
Qu’attendre de l’étape de demain, de Colmar à Besançon ? Dans la conjoncture actuelle souhaitons une victoire française. Puisque les Astana bloquent la course à la satisfaction de beaucoup, que les coureurs nationaux en profitent comme l’ont fait Voeckler, Brice Feillu et Fedrigo.
Jean-Paul Brouchon
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