Le 95 ème Tour d'Italie, qui s'élance ce samedi du Danemark, est marqué par l'absence des principaux leaders du peloton. Ce qui pourrait faire l'affaire du jeune Tchèque de la formation Astana.
Dans son duel de prestige à distance avec le Tour de France, le Giro d’Italia a sombré ces dernières années dans les excès. La faute à Angelo Zomegnan, remplaçant en 2004 de Carmine Castellano, lui-même successeur du génial, mais théâtral, Vicenzo Torriani qui était plus metteur en scène qu’organisateur. A force de rechercher le plus difficile et le plus spectaculaire, de vouloir à tous prix faire revivre la légende, le journaliste de la Gazzetta dello sport a fait fuir les plus téméraires et le Tour d’Italie s’est trop souvent résumé à une affaire italo-italienne.
Aujourd’hui, le Giro paie le prix de ses dérives alors qu’avec ses nouveaux responsables, Mauro Vegni et Michele Acquarone, il revient à plus de normalité après les extravagances de ses dernières éditions (col de la Fauniera en terre battue, passages à plus de 20 % du Zoncolan, etc). Un Tour d’Italie qui s’élance toutefois de Herning, au Danemark (l’héritage de Zomegnan…) et qui, après trois étapes piégeuses (le vent !), connaîtra son premier jour de repos pour permettre son rapatriement par avion à Vérone où sera disputée une course contre la montre par équipes (33 km).
Sur le papier, ce Giro 2012 apparaît plus humain et présente un parcours plus équilibré malgré une dernière semaine très difficile et exigeante. Un Giro destiné aux grimpeurs (six arrivées en altitude) plutôt qu’aux rouleurs qui n’auront (prologue compris) que 41,7 kilomètres à disposition pour influer sur le classement général. Après deux semaines de plat et de moyenne montagne, les « choses sérieuses » commenceront avec l’arrivée à Cervinia, aux portes de la Suisse (14ème étape). Puis les Dolomites se présenteront devant le peloton entre Falzes et Cortina d’Ampezzo (17ème) avant d’atteindre l’Alpe de Pampeago (19ème).
L’étape-reine s’achèvera au sommet du col du Stelvio, à 2758 m. d’altitude ! Avec cinq ascensions difficiles au programme : col du Tonale, Aprica, Teglio da Bianzone (14 %), col du Mortirolo (11 km à 10,5 % de moyenne !) et le prestigieux Stelvio cher à Coppi (22,5 km de montée à 7 % de moyenne). De quoi faire la différence ou au contraire bloquer la course par excès de difficultés ? Et tout ça à la veille de l’arrivée finale à Milan, laquelle rompt avec la tradition puisque l’ultime étape en ligne est remplacée par un contre-la-montre de 33 kilomètres.
En l’absence des principaux leaders du peloton professionnel (Contador, Evans, Andy Schleck, les deux Sanchez, Wiggins, Nibali et Sagan, réservés pour le Tour, Boonen, Gilbert, Valverde, Cancellara, Fuglsang et Thomas Dekker, tous deux blessés), ce 95ème Giro s’élance sans véritable favori même si la cote du prometteur Roman Kreuziger (Astana) est au plus haut. Cinquième l’an dernier, le jeune Tchèque (26 ans) a une belle opportunité de confirmer enfin dans un grand tour ses qualités révélées au Tour de Suisse 2008, au Tour de Romandie 2009 et au Tour de France (9èME en 2009 et 2010).
Pour Kreuziger, l’opposition viendra des Italiens. Ceux-ci sont toujours prompts à se mobiliser et à se motiver pour conquérir le maillot rose. Parmi eux, Scarponi (déclaré vainqueur du Giro 2011 après la disqualification de Contador) et Basso, déjà deux fois vainqueur (2006-2010) mais qui semble courir depuis la reprise après sa forme d’antan. Cunego ? N’oublions pas les grimpeurs dont Domenico Pozzovivo, grande révélation du dernier Tour du Trentin, l’Espagnol Joaquim Rodriguez (4ème en 2011), lauréat de la Flèche wallonne, le Français John Gadret (3ème en 2011), Szmyd, Vandevelde et Hesjedal, Kessiakof ainsi que les petits gabarits Rujano et Sella. Quant à Fränk Schleck, engagé de dernière minute à la tête de l’équipe Radioshack après le forfait sur blessure de Fuglsang, il est difficile de savoir ce qu’il réserve loin de son frère Andy !
On se réjouit aussi de voir à l’œuvre dans un grand tour de trois semaines le talenteux Arnaud Demare, de l'équipe FDJ-BIG MAT, (20 ans), sacré chez les Espoirs l’an passé et déjà très en vue depuis le début de la saison. Néo-professionnel, le jeune Français va être confronté à quelques uns des meilleurs sprinters du moment dont Mark Cavendish, le champion du monde en titre, mais aussi Farrar, Eisel, Renshaw, Haedo, Bos, Bennatti et Hushovd, en quête de réhabilitation, ainsi que Romain Feillu (Vacansoleil). C’est dire si sa campagne italienne peut conditionner son avenir.
Bertrand Duboux
* Le Tour d'Italie est diffusé chaque jour sur Eurosport. Le prologue - Herning-Herning, un contre-la-montre de 8,7 km - sera retransmis à partir de 17h00.
95ème Tour d’Italie 2012 (5 au 27 mai)
Départ de Herning (Danemark), arrivée à Milan. Total 3476 km.
20 étapes - 2 jours de repos - 22 équipes – 198 partants
2 étapes contre la montre individuel. (total 41,7 km)
1 étape chrono par équipes (33 km)
7 étapes pour sprinters
8 étapes de montagne (4 de moyenne montagne et 4 de haute montagne)
6 arrivées en altitude
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