Une fois de plus le constat est évident : la saison cycliste, c’est Paris-Roubaix et le Tour de France ! Du moins pour le grand public et la grande majorité des médias français. Dès les Champs Elysées, adieu le vélo et vive le foot !
Il n’y a plus personne, hormis les journaux spécialisés, pour s’intéresser à la course et aux faits et gestes du peloton . Sinon, les quatre jours de Sylvain Chavanel en tête du Tour d’Espagne ne seraient pas passés complètement inaperçus dans l’Hexagone !
Certes, Cadel Evans ne roule plus, ni Contador, ni les frères Schleck, ni Voeckler, les héros de juillet. Tous sont sur le pont depuis le début de la saison et encore trois semaines de course à cette période, c’est trop leur demander. On peut le comprendre. Certes, la participation (Joaquim Rodriguez, Wiggins, Nibali, Menchov, Scarponi) n’est pas exceptionnelle. Mais le champion de France, malheureux sur le Tour en raison d’une chute le cinquième jour, devrait avoir droit à plus d’égards de la part de ceux qui l’encensaient fin juin à l’occasion de son exploit de Boulogne-sur-Mer, quand il a revêtu sa tunique de champion de France.
Lundi 29 août. Contre la montre, à Salamanque, 47 km. L’un des moments forts de la Vuelta 2011. Sur France 3, l’émission de fin de soirée Tout le sport de Henri Sannier, qui se dit un passionné de cyclisme, consacre quinze secondes à l’événement ! On y apprend que l’Anglais Christopher Froome est le nouveau leader grâce à sa deuxième place derrière le vainqueur, l’Allemand Tony Martin. Point à la ligne. Aucun détail, aucun écart, aucune nouvelle des favoris pour la victoire finale. Et pas trace de Chavanel, détrôné à San Lorenzo de Escorial, et distancé de plus de neuf minutes le lendemain sur les pentes de La Covatilla. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir !
Pauvre vélo ! Et dire que la présentation du Tour de France 2012, à la mi-octobre, va remplir le Palais des Congrès parisien avec quelque trois mille personne attendues. Parmi elles, d’innombrables journalistes qui nous ont déjà fait croire que « l’édition 2011 a été l’une des plus passionnantes, l’une des plus belles, l’une des meilleures de ces dernières années » ! Décidément, on ne voit pas le cyclisme de la même façon et il suffit de dialoguer avec l’ancien vainqueur de 1967, Roger Pingeon, pour être rassuré sur sa capacité à juger d’un événement qui a surtout valu par l’étonnante et excitante aventure en jaune de Thomas Voeckler.
Il reste douze jours à la Vuelta pour nous convaincre qu’elle a toujours sa place parmi les grands Tours. Jadis, elle avait lieu fin avril-début mai. Elle était en concurrence avec le Tour de Romandie et précédait le Giro, bien mieux fréquenté en vedettes, et on n’en parlait déjà pas beaucoup. Il a fallu que l’UCI déplace le championnat du monde au début d’octobre (ramené à fin septembre désormais, il aura lieu cette année du 19 au 25 septembre, à Copenhague) pour qu’elle obtienne une nouvelle date. Une décision qui a boosté l’épreuve espagnole à l’époque des Rominger, Zulle, Jalabert et compagnie.
Aujourd’hui le soufflé est retombé et hormis une préparation pour le Mondial qui suit, il n’y a plus beaucoup d’intérêt pour une troisième épreuve de trois semaines en fin de saison. Les coureurs n’en veulent plus, les journalistes encore moins. Alors, quel avenir pour la Vuelta ?
Bertrand Duboux
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